Publié le 09 janvier 2021
POLITIQUE
Twitter contre Donald Trump : la bataille gagnée par le réseau social après la suspension du compte du Président
À quelques jours de la fin de son mandat, Donald Trump a été réduit au silence sur son canal de communication préféré : Twitter. La plateforme a décidé de suspendre définitivement le compte personnel du Président américain afin d’éviter de "nouvelles incitations à la violence", justifie-t-elle. Ce dernier dénonce un "musellement de la liberté d’expression".
La guerre entre Donald Trump et le réseau social Twitter, affiché anti-Trump, faisait rage depuis plusieurs mois. Et visiblement, c’est l’oiseau bleu qui a donné le dernier coup de bec. À 12 jours de la fin du mandat du chef d’État et deux jours après l’occupation du Capitole par des partisans du Président, la plateforme a décidé de suspendre définitivement le compte de l’homme d’affaires, suivi par 88 millions de personnes.
After close review of recent Tweets from the @realDonaldTrump account and the context around them we have permanently suspended the account due to the risk of further incitement of violence.https://t.co/CBpE1I6j8Y
— Twitter Safety (@TwitterSafety) January 8, 2021
"Après un examen attentif des tweets récents du compte @realDonaldTrump et le contexte qui les entoure, nous avons suspendu définitivement le compte en raison du risque de nouvelles incitations à la violence", a écrit Twitter. Cette décision couvait depuis plusieurs mois, en particulier depuis l’élection du 4 novembre. Twitter ajoutait presque systématiquement des messages mettant en garde contre de fausses informations sous les publications de Donald Trump. Le Rubicon a été franchi quand la vidéo ambiguë, postée par le Président pour appeler au calme le soir de l’occupation du Capitole, avait été supprimée dans l’instant.
Le 20 janvier sans Trump
"Twitter est allé encore plus loin dans son musellement de la liberté d'expression, et ce soir, les employés de Twitter ont coordonné avec les démocrates et la gauche radicale le retrait de mon compte de leur plateforme, pour me faire taire moi - et VOUS, les 75.000.000 grands patriotes qui ont voté pour moi", a écrit le Président sortant sur le compte officiel de la Présidence américaine (@POTUS). Mais ce message a lui aussi été quasiment immédiatement supprimé par la plateforme.
Le dernier message public non censuré du Président sur Twitter aurait été très symbolique. Il s’agissait de son annonce qu’il ne participerait à la cérémonie de passation de pouvoir avec Joe Biden le 20 janvier prochain. Son absence "est une bonne chose", lui a répondu le futur Président, lors d'un échange avec les journalistes. Il ajoute toutefois que le vice-président Mike Pence, favorable à une transition dans le calme, serait le bienvenu à cet événement.
Régulation du débat
Si beaucoup se félicitent de la décision de Twitter et alors que de mêmes initiatives sont attendues du Côté de Google et Apple, certains s’interrogent sur le poids de ces réseaux sur la vie démocratique. Ainsi en France, Cédric O, Secrétaire d’État en charge du numérique, écrit que le bannissement est justifiable mais "pose des questions fondamentales" sur la "régulation du débat public".
"La régulation du débat public par les principaux réseaux sociaux au regard de leurs seuls CGU (conditions générales d'utilisation), alors qu'ils sont devenus de véritables espaces publics et rassemblent des milliards de citoyens, cela semble pour le moins un peu court d'un point de vue démocratique", poursuit le ministre.
Ludovic Dupin @LudovicDupin