Publié le 07 mai 2022

POLITIQUE

Social et écologie, mots d’ordre des Législatives opposant la Renaissance d'Emmanuel Macron à l’alliance de la gauche, la NUPES

La cérémonie d’investiture d’Emmanuel Macron pour son second mandat a confirmé que la campagne des législatives aurait une tonalité différente de celle des Présidentielles, que la montée de l’extrême droite avait rivé sur la sécurité et de l’immigration. Dans son discours, le nouveau président a dit avoir été élu pour un "projet clair et explicite, d’avenir républicain et européen, social et écologique". Il veut ainsi incarner l’opposition à la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale, NUPES, signature de l’alliance qui réunit la France Insoumise, EELV, et les partis socialistes et communistes. 

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Stéphane de Sakutin / AFP Julien de Rosa / AFP

La nouvelle recomposition politique française s’est mise en place en quelques jours, dès que la page des Présidentielles qui ont opposé une nouvelle fois Emmanuel Macron et Marine Le Pen, a été tournée. La victoire d’Emmanuel Macron semble avoir emporté avec elle les thèmes d’extrême droite, sécurité et immigration qui ont non seulement dominé la campagne politique de septembre 2021 à avril 2022, mais aussi sa couverture médiatique dont le changement climatique a été quasi absent.

Laurent Fabius, le Président du Conseil Constitutionnel a, comme en 2017, intronisé Emmanuel Macron qui veut être "le nouveau président d’un nouveau mandat en rupture avec le précédent". L’homme de la COP21 a donné le ton, citant Victor Hugo : "En ces temps troubles soyons les serviteurs du droit et les esclaves du devoir". Il a précisé sa pensée ainsi : "Le devoir c’est de contribuer à relever les grands défis et plus particulièrement trois d’entre eux, celui de la paix et de la guerre, criminellement réintroduite sur notre continent 77 ans après le premier 8 mai, celui de la lutte, urgentissime, contre le réchauffement climatique et pour la préservation de la biodiversité, celui, enfin, du renforcement concret de notre démocratie."

"Devenir une grande puissance écologique" 

Emmanuel Macron lui a répondu avec la même solennité dans son discours, bref, sur l’urgence du temps. Il s’est engagé à "agir" répété comme une incantation, sur les priorités suivantes : "Faire de la France une puissance agricole industrielle, parvenir au plein emploi et partager la valeur ajoutée, devenir une grande puissance écologique par une transformation radicale, refondre l’école pour qu’elle soit toujours plus inclusive et rendre la santé accessible partout sur le territoire." Il a conclu en faisant le serment à "notre jeunesse de lui laisser une planète plus vivable et une France plus forte". 

Sa cérémonie d’investiture a eu lieu deux jours après le lancement du nouveau nom de son mouvement politique : La République en Marche (LREM) est devenue Renaissance (Renew étant le nom de sa coalition au Parlement Européen). Sur fond de mur végétal, son président Richard Ferrand accompagné des représentants des trois partis qui forment cette alliance politique ancrée au centre droit, Édouard Philippe, François Bayrou et Stanislas Guerini, a donné le coup d’envoi de la campagne des législatives. Tous quatre ont négocié chaque candidature pour tenter de recomposer, avant l’heure, la future Assemblée Nationale qui sera élue le 19 juin prochain pour espérer offrir à chacune des formations un groupe parlementaire. Renaissance n’ayant pas encore d’existence très tangible, le programme a été résumé ainsi par Édouard Philippe : "Le contenu programmatique, c’est celui du Président". 

Une nouvelle partition médiatique

Le discours d’investiture d’Emmanuel Macron a donc donné la tonalité politique des législatives : deux alliances multi-partis qui revendiquent un projet social et écologique de nature très différente. Le combat est symbolisé par l’affrontement entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon qui a failli être le scenario du second tour des Présidentielles. 

L’alliance des partis de gauche a été officialisée lors d’une convention commune organisée dans la même journée que l’investiture présidentielle. Son nom, en forme de porte-drapeau, résume les thèmes qu’elle va porter : Nouvelle Union Populaire Sociale et Ecologique (#NUPES). Au-delà de la désignation des candidats dans chacune des 577 circonscriptions françaises qui a monopolisé l’attention médiatique, les quatre partis se sont mis d’accord sur un programme commun axé sur le social (retraite à 60 ans, minima sociaux en particulier pour les jeunes…) et l’écologie à travers la "mise en place d’une véritable planification écologique par l’application d’une règle verte (ou d’une règle d’or climatique) pour répondre à l’urgence climatique et environnementale".

La campagne des législatives a donc pris en quelques jours un tour radicalement différent des mois précédents qui permet de jouer une nouvelle partition médiatique.

Le débat entre Renaissance et NUPES se focalisera sans doute sur le rôle que doit jouer l’Europe dans la construction du "Monde d’après" les législatives, mais il est permis d’espérer que les propositions politiques faites aux Français portent enfin sur les enjeux essentiels auxquels ils sont confrontés qui sont bien, en même temps, sociaux et écologiques !  

Anne-Catherine Husson Traore, @AC_HT, directrice générale de Novethic


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