Publié le 21 juillet 2023

POLITIQUE

Remaniement : quelle place pour la planification écologique préparée minutieusement dans l’ombre de Borne 3 ?

Longuement attendu et finalement dévoilé par communiqué le 20 juillet juste avant 20h, le nouveau  gouvernement d’Elisabeth Borne ressemble au précédent avec plus de députés et moins de personnalités de la société civile. En revanche, la planification écologique qui doit être une des priorités de son second mandat selon Emmanuel Macron, n’a pas gagné une place visible. Si le plan est prêt, il manque encore l’incarnation à travers un grand ministère transversal chargé de le mettre en œuvre. Le choix de portefeuilles séparés, transition écologique avec Christophe Béchu d’un côté, et transition énergétique de l'autre, avec Agnès Pannier-Runacher, a été maintenu en l’état.   

Perron de l elysee CC0
Après plusieurs jours d’attente, l’Elysée a annoncé, jeudi 20 juillet, un remaniement partiel du gouvernement.
@CC0

Dans le troisième gouvernement d’Elisabeth Borne, Agnès Pannier-Runacher garde son portefeuille de ministre de la Transition Energétique et Christophe Béchu est toujours ministre de la Transition Ecologique et de la Cohésion sociale des Territoires en charge du programme France Nation Verte, marque étendard de l’action gouvernementale en faveur de l’environnement. Le message est donc de continuer à organiser séparément deux politiques pourtant étroitement liées.

La partition de la planification écologique, elle, est définie par le Secrétariat Général à la Planification Ecologique, dirigé par Antoine Peillon. Placé sous l’autorité de la Première Ministre, il a mené un patient travail interministériel depuis près d'un an pour définir des axes et des priorités. La présentation officielle du programme de planification, prévue initialement le 5 juillet, a déjà été décalée deux fois mais la feuille de route est désormais publique et il faudra sans doute attendre la rentrée pour avoir plus d’informations sur la place politique que prendra ce programme de verdissement. 

Peu de changements côté transition écologique

Pour l’instant, le choix de répartir les portefeuilles et les sensibilités environnementales entre différents ministères est maintenu. Le secrétariat à la biodiversité auprès du Ministère de la Transition Ecologique est désormais détenu par Sarah El Haïry, jusque-là en charge du service universel. Elle remplace Bérengère Couillard, partie s’occuper de l’égalité hommes-femmes auprès de la Première Ministre. Hervé Berville, secrétaire d’Etat à la mer très controversé pour son soutien à la pêche industrielle, garde son poste et il est rattaché à la Première Ministre. Quant à Marc Fesneau, qui a défrayé la chronique le week-end dernier avec ses déclarations sur les températures de saison malgré la canicule méditerranéenne, reste ministre de plein exercice en charge de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire. 

La surprise est finalement venue de la nomination à la santé d’Aurelien Rousseau, ancien directeur de cabinet d’Elisabeth Borne qui a voulu quitter son poste début juillet. Il devait devenir Directeur adjoint des politiques sociales de la Caisse des dépôts mais le remaniement en a décidé autrement. Son rôle à la tête de l’Agence Régionale de Santé Ile de France, pendant la crise du Covid, explique sans doute ce choix à un poste clef pour tenter de limiter la désagrégation de l’hôpital public. 

Lier écologie et social

Seule trace des conséquences des émeute urbaines récentes, la nouvelle Secrétaire d’Etat à la Ville, Sabrina Agresti-Roubache, est rattachée à la fois au Ministre de l’Intérieur et à celui de la Transition écologique et de la cohésion sociale. Elle remplace en partie Olivier Klein, l’un des partants qui était uniquement rattaché à Christophe Béchu et cumulait Ville et Logement. Il avait été choisi au nom de la réussite de sa politique en faveur des quartiers défavorisés à Clichy-sous-Bois (93) dont il était maire.

Il travaillait à un Pacte des solidarités depuis le mois de novembre dernier qui devait définir le programme d’action du gouvernement pour lutter contre la pauvreté. Annoncé en janvier, puis en mars, il devait sortir le 19 juillet et est finalement annoncé peut-être pour le 27 juillet. Les associations de lutte contre l’exclusion attendent impatiemment de pouvoir lier les différents programmes de protection des plus faibles mais devront encore attendre puisqu’elles changent d’interlocuteurs.

Ce nouveau coup de frein n’est pas forcément un bon signal le jour où l'Insee publie un rapport montrant que neuf millions de Français (14 %) sont en situation de privation matérielle et sociale en 2022, un niveau jamais atteint depuis la création de l’indicateur en 2013. 

Anne-Catherine Husson-Traore, directrice des publications de Novethic


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