Publié le 12 décembre 2022
POLITIQUE
Les changements à la tête de quatre partis politiques feront-ils plus de place à l'écologie dans le débat public ?
Quatre nouveaux dirigeants de partis politiques ont été désignés ce week-end. Élus par des militants, comme Marine Tondelier pour EELV et Eric Ciotti pour les Républicains ou désignés par les instances de leurs partis comme Manuel Bompard qui remplace Jean-Luc Mélenchon à la tête de la France Insoumise (LFI) et Hervé Marseille à l’UDI. Ce changement de têtes va-t-il entrainer un changement de tonalité dans le débat public après la prise de conscience des dégâts environnementaux liés aux catastrophes de l’été 2022 ? Revue de position des nouveaux chef(fe)s de partis.

EMMANUEL DUNAND ; CHRISTOPHE ARCHAMBAULT ; BERTRAND GUAY / POOL AFP
Au vu des campagnes présidentielles et législatives du premier semestre 2022, dominées par les débats sur l’immigration et la sécurité, et laissant une portion congrue au climat, il est presque surprenant de voir progresser le thème de l’écologie dans le monde politique. Le clivage gauche/droite y est en effet solidement ancré. Pour EELV et LFI, l’écologie est un axe de transformation massive de la société, le primat social étant beaucoup plus prononcé chez LFI. Pour les Républicains et l’UDI, il y a bien une écologie de droite mais elle est résolument scientifique, techno solutionniste et protectrice de la croissance. Revue des forces en présence. Ces quatre nouveaux dirigeants seront-ils capables de ramener à la politique les 50 % de Français qui se sont abstenus lors des dernières élections ?
Marine Tondelier, élue avec 90,8% des voix secrétaire nationale d’EELV
Tous les portraits de cette jeune femme (36 ans) qui a fait consensus à la tête du parti écologiste, mentionne qu’elle n’est pas connue du grand public. Cela sous-entend qu’elle est très différente de la médiatique Sandrine Rousseau aux prises de position clivantes. Élue depuis 2014 à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), où elle ferraille avec le Rassemblement National, Marine Tondelier est un pilier du parti vert. Elle a l’ambition de donner une nouvelle ampleur au parti écologiste qui reste sur l'échec cuisant des dernières présidentielles. Elle s’appuie pour cela sur un comité exécutif composé de neuf femmes pour six hommes et lance d’ores. Elle entend aussi lancer des États généraux de l’écologie pour écouter les attentes des Français. Une convention de refondation est programmée à l’été. Objectif : "créer un grand mouvement de l’écologie politique" qui amène à un futur parti qui pourrait s’appeler "les Écologistes", et qui pourrait rassembler un million de sympathisants d'ici la fin de son mandat, cent fois plus que les 11 000 actuels.
Marine Tondelier : "Nous devons fédérer la classe écologique."
Celles et ceux qui écoutent les scientifiques sur le climat, qui s’organisent dans les camps climat, les précaires, les artisans, les entrepreneurs, les ultras-marins, les grands-parents inquiets pour leurs enfants. pic.twitter.com/J9UgXQffSf— EELV (@EELV) December 10, 2022
Éric Ciotti, élu avec 53,7% des voix président du parti Les Républicains
Cet élu des Alpes-Maritimes de 57 ans prend sa revanche sur la primaire de son Parti aux présidentielles. Sur une ligne très à droite sécuritaire, anti-immigration et hostile au melting-pot français, il n’a, comme Jordan Bardella (RN), ostensiblement félicité qu’Olivier Giroud et Hugo Lloris pour la victoire des Bleus en quart de finale de la Coupe du Monde. Son principal programme est de porter la candidature de Laurent Wauquiez aux présidentielles en 2027. Mais il a des enfants et lors du débat avec ses deux adversaires, Bruno Retailleau et Aurélien Pradié, il a évoqué la pression climatique que ses filles exerçaient sur lui, revendiquant une écologie de droite qu’il définit ainsi.
Nous devons être les anti Madame Rousseau. Je suis contre l’écologie punitive et le retour en arrière.
L’écologie de droite c’est la science, le progrès et la croissance ! #ElectionLR2022 #LeDebatLR pic.twitter.com/YYqmwqvOx3— Eric Ciotti (@ECiotti) November 21, 2022
Manuel Bompard désigné pour remplacer Jean-Luc Mélenchon à la tête de La France Insoumise
La première Assemblée représentative du mouvement fondé par Jean-Luc Mélenchon était réunie ce weekend sans les ténors du parti, à l’exception de son fondateur et de Manuel Bompard. Le député marseillais a été désigné pour remplacer la figure tutélaire de LFI autour de mots d’ordre très sociaux, contre la vie chère, pour le contrôle des prix et la démarchandisation de l’énergie. Les questions écologiques sont réapparues autour des mégabassines, défendues par les partisans d’une agriculture extensive à laquelle s’oppose Les Insoumis. Ce qui leur vaut des attaques ciblées, à l’image de celle qui a visé la permanence de la députée de Moselle, Charlotte Leduc.
Écœurante agression contre la permanence de la députée LFI @CharlotteLeducV. Avec des tags d’extrême-droite les "jeunes agriculteurs" défendent les bassines en jetant du fumier. Lamentable de bêtise. pic.twitter.com/SXqIuChQ3q
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) December 10, 2022
Hervé Marseille élu à la tête de l’UDI, qui a perdu les deux tiers de ses membres en dix ans
Le sénateur de 68 ans a été élu par un congrès qui espère faire oublier les problèmes judiciaires de son précédent président, Christophe Lagarde, en rappelant l’esprit des fondateurs, Simone Veil et Jean-Louis Borloo. Ce dernier avait porté le Grenelle de l’environnement sous la présidence de Nicolas Sarkozy, en tant que ministre de l’écologie et du développement durable, entre 2007 et 2010. et c'est sa vision de l'écologie qui est partagée. Il a participé au congrès du parti centriste qui espère "rassembler les forces humanistes".
"Nous avons un message à porter pour une #écologie responsable, une écologie scientifique, une écologie de la raison" @fabrethomas #congrèsUDI @UDI_off #UDIpic.twitter.com/BIhiY8VXPc
— Mamédi (@Mamedi_Diarra94) December 10, 2022
Anne-Catherine Husson-Traore, directrice générale de Novethic, @AC_HT_