Publié le 17 juillet 2019
POLITIQUE
[Edito] L'impossible message écologique gouvernemental
La succession de François de Rugy aura été rapide. Elisabeth Borne assumera la portefeuille de ministre de la Transition écologique et solidaire mais, contrairement à son prédécesseur, elle n'aura pas le titre de ministre d'État. Ce recul dans l'ordre protocolaire du gouvernement fait tâche, au moment où Ursula Van der Leyen, qui vient d'être désignée présidente de la Commission européenne, fait du climat l'un des points forts de son mandat. Et risque de ne pas être suffisante pour répondre aux attentes des Français.

@Fderugy
La nomination d'Elisabeth Borne en pleine nuit permet d'avoir un conseil des ministres avec, officiellement, une ministre en charge du portefeuille de l'environnement. Cela fait changer la perspective de la photo précédente qui ne servait déjà pas beaucoup l'image du ministre démissionnaire François de Rugy ! Un homme qui parlait très longuement avec derrière lui trois femmes silencieuses !
L'une d'entre elles est donc passée au premier plan !
Mais côté symbole elle n'est ni la première femme ministre de l'Écologie, ni celle susceptible d'incarner une réponse forte au défi posé par Nicolas Hulot à son départ : mettre fin à la politique des petits pas pour dessiner une vraie ambition écologique.
La rétrogradation du poste qui perd et le rang de numéro 2 et le titre de ministre d'État souligne le paradoxe. Interpellé par les résultats des élections européennes, le gouvernement a affirmé vouloir faire de l'écologie une priorité.
Un rendez-vous manqué
Cela ressemble pour l'instant à un rendez-vous manqué. Les commentateurs politiques s'acharnent sur les affaires et François de Rugy prête le flanc à tous les reproches tant ses actes contredisent ses engagements.
Or pour devenir crédible auprès de cette opinion publique qui s'est choisie des porte-voix aussi radicaux que Greta Thunberg, il va falloir passer à la vitesse supérieure. La nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen a choisi cette voie en proposant dans son discours au Parlement un Green New Deal dans ses 100 premiers jours. Elle a été élue, de justesse certes, mais elle prendra bien la tête de la Commission européenne en novembre.
Avec ses problèmes français de monstres de l'écologie, Emmanuel Macron illustre une fois de plus que les pays membres ont deux stratégies : l'une pour l'Europe, l'autre pour leur territoire national. Le résultat des élections européennes a pourtant envoyé un message clair : les citoyens français veulent réunifier ces deux dimensions et donner une ambition forte à la stratégie environnementale. La nomination d'Elisabeth Borne ne semble pas la bonne réponse. À suivre.
Anne-Catherine Husson-Traore, directrice générale de Novethic, @AC_HT_