Publié le 10 juin 2020
POLITIQUE
L’effet économique du confinement ne sera pas effacé avant mi-2022, selon le gouverneur de la Banque de France
La mise à l’arrêt de l’économie pour faire face à la crise sanitaire va plonger la France dans une profonde récession. Selon le gouverneur de la banque de France, l’activité repart assez vite mais il faudra au moins attendre deux ans pour surmonter réellement cet épisode. Il appelle aussi les États à être évité de compenser par une hausse des impôts.

@BanquedeFrance
Si l'activité a redémarré depuis la levée progressive du confinement le 11 mai, la faiblesse économique est profonde , a estimé mardi 10 juin le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, l'institution anticipant une récession d'environ 10% cette année. "L'économie française est en train de remonter assez rapidement du plongeon brutal de mars, mais nous sommes loin d'être sortis d'affaire", a-t-il déclaré sur France Info peu après la publication par la Banque de France de ses projections économiques jusqu'en 2022.
Depuis le début du déconfinement, "nous avons remonté en gros la moitié" de la perte d'activité enregistrée durant le confinement, et il faudrait attendre la mi-2022 pour retrouver le niveau d'activité d'avant la crise, a-t-il ajouté. La confiance des ménages, des entreprises et des prêteurs de la France sera l'élément clé du rebond de l'économie, a-t-il ajouté.
"On sort du temps des pompiers", avec les mesures d'urgences prises par le gouvernement pour maintenir en vie les entreprises et les salaires des Français, notamment via le chômage partiel ou les prêts garantis par l'Etat, a noté le gouverneur. "Il fallait éteindre l'incendie, il fallait mettre l'économie sous tente à oxygène (...) c'est fait et c'est plutôt bien fait", et même mieux que dans d'autres pays européens, a-t-il estimé.
Prudence avec les impôts
Dans la deuxième étape qui arrive désormais, François Villeroy de Galhau a jugé "souhaitable qu'il n'y ait pas de hausse d'impôts et que nous différions dans le temps le remboursement de la dette", qui va gonfler jusqu'à 120% du PIB cette année. "Globalement (...) il ne faut pas refaire l'erreur qui avait été faite par un certain nombre de pays européens après la précédente crise, c'est de remonter vite les impôts après la crise", a-t-il estimé.
Si certains des dispositifs d'urgence pourront être maintenus mais en les réduisant, l'un des principaux défis sera de "traiter le problème de la solvabilité de certaines entreprises", a prévenu le gouverneur. "On va se retrouver avec un certain nombre d'entreprises qui sont viables économiquement (...) mais fragilisées financièrement", a-t-il ajouté, jugeant nécessaire de mobiliser "entre 10 et 30 milliards d'euros" à la fois par une intervention privée et publique pour soutenir les fonds propres de ces entreprises.
La Rédaction avec AFP