Publié le 03 mai 2019
POLITIQUE
Élections européennes : quand les candidats parlent d'environnement aux entreprises du Medef
Sept candidats aux élections européennes ont passé un grand oral au siège du Medef pour expliquer leur vision de l’Europe et répondre aux questions des dirigeants d’entreprise. L’économie et les tensions commerciales se sont retrouvées au cœur des débats, mais le climat n’a pas été totalement oublié de la rencontre.

@Arnaud Dumas
La fiscalité, la place de l’euro, les tensions avec les États-Unis et la Chine… Autant de sujets qui ont occupé une large partie des débats. Mais la rencontre organisée par le Medef sur les élections européennes a également fait la part belle au climat. L’organisation patronale a invité sept des candidats aux élections européennes à passer un grand oral devant ses adhérents. Chacun avait le droit d’aborder ses thèmes de prédilection, puis répondait aux questions des dirigeants d’entreprise présents dans la salle. Le tout était cadencé au rythme de deux minutes par réponse, deux minutes étant le temps de parole donné aux députés européens lors de leurs interventions au Parlement.
Tous les candidats n’ont pas abordé le sujet de l’environnement, François-Xavier Bellamy (Les Républicains) et Jean-Christophe Lagarde (UDI) se sont plutôt concentrés sur l’économie. Sans surprise, c’est le candidat d’Europe Écologie – Les Verts qui s’est étendu le plus en détail sur la question du climat, fustigeant au passage Business Europe (le Medef européen) qui freine chaque nouvelle réglementation en faveur de l’environnement. Yannick Jadot, élu européen depuis 2009 et tête de liste EELV, préconise de créer un plan d’investissement pour le climat, à la manière du Plan Juncker, qui avait été doté de 21 milliards d’euros. Cette fois, l’élu écologiste voit plus grand, il propose d’allouer 100 milliards d’euros à la transition écologique.
100 milliards d'euros pour le climat
Questionné sur la provenance de ces fonds, Yannick Jadot a pointé en direction de la Banque centrale européenne (BCE). Il propose de piocher dans une partie du budget de la BCE dédié au rachat de dettes sur les marchés secondaires pour l’orienter vers la finance verte. Mais cela ne suffit pas. "C’est tout le budget européen qui doit être conditionné à la lutte contre le dérèglement climatique", insiste-t-il.
Pour les autres candidats, la transition écologique ne constitue pas le cœur du programme, mais reste un facteur important. La liste La République en Marche a ainsi nommé en deuxième position Pascal Canfin, ex-directeur général du WWF. Nathalie Loiseau, la tête de liste, prévoit d’ailleurs de créer un nouveau groupe au Parlement européen rassemblant des centristes, mais aussi des écologistes. "Nous avons une vision de la transition écologique qui va plus loin (que celle des centristes, ndr), le groupe sera donc plus large", assure Nathalie Loiseau, espérant rassembler une centaine de députés.
Pour le candidat du Rassemblement National, Hervé Levin, le contrôle plus strict des frontières doit permettre de ne pas "surcharger les écosystèmes". Côté France Insoumise, Manuel Bompard, le numéro deux de la liste, préconise quant à lui d’atteindre "100% d’énergies renouvelables en 2050" et de sortir progressivement du nucléaire. "Pour cela, il faut investir dans les énergies renouvelables, dans l’efficacité énergétique et dans une politique de sobriété énergétique", estime-t-il. Le rôle de l’État et de l’investissement public doit permettre d’entraîner l’économie sur cette voie. Pour cela, il ambitionne de revoir les Traités européens pour assouplir les règles permettant l’intervention de l’État.
Arnaud Dumas @ADumas5