Publié le 08 octobre 2020
POLITIQUE
[Élection US] International, environnement, économie… Le lourd bilan de Donald Trump
Le 3 novembre s’achèvera le premier mandat de Donald Trump. Nous saurons alors si les électeurs américains lui confient un second mandat. La méthode Trump, basée sur l’invective, la présence continue sur le réseau social Twitter, le climato-scepticisme et parfois le recours aux fake news a plongé le monde dans l’incertitude sur la santé de la première puissance mondiale.

@SaulLoeb/AFP
Le changement climatique, ça n’existe pas
On ne pourra pas reprocher à Donald Trump de changer d’avis comme de chemise. De la première seconde de son mandat à la dernière, il aura remis en cause la réalité du changement climatique. Dès sa prise de fonction, il a annoncé la sortie des États-Unis de l’Accord de Paris, trop menaçant pour l’économie américaine. Ni les ouragans destructeurs, ni les pluies massives dans le Midwest, ni les incendies de Californie n’ont remis cette décision en cause. En déplacement dans le Golden State pour constater les dégâts en septembre, le Président affirmait que "ça finira par refroidir", convaincu que la science ne savait pas grand-chose. La sortie officielle des États-Unis de l’Accord de Paris aura lieu le 4 novembre 2020, au lendemain de l’élection…
Le charbon plutôt que l’environnement
L’ère Obama avait été celle des législations environnementales, celle de Donald Trump a été dédiée à leur détricotage. Lors de la campagne 2016, le futur Président promettait de relancer l’industrie du charbon en crise. Pour cela, Donald Trump a d’abord mis à la tête de l’Agence pour l’environnement (EPA) des défenseurs des fossiles, d’abord Scott Pruitt (ancien d'Exxon) puis Andrew Wheeler. Leur tâche a été d’abroger le Clean Power Act, dont le but était d’abaisser les émissions de CO2 du mix électrique. Pendant la crise du Covid-19 et le confinement, l’EPA a aussi annulé temporairement les seuils des rejets polluants dans l’eau et l’air des entreprises, pour ne pas les contraindre. Au total, près d’une soixantaine de lois sur l'environnement ont été défaites ces quatre dernières années.
Il vaut mieux être seul que mal accompagné
Donald Trump a tourné la page du multilatéralisme. Outre l’Accord de Paris, il a rejeté l’accord sur le nucléaire iranien si difficilement obtenu et a rétabli des sanctions immédiates vis-à-vis de Téhéran. En 2017, il a quitté l’Unesco et le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme, jugés anti-israéliens. Les tensions entre Washington et Pékin ont bloqué le travail de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Et, en pleine crise du Covid-19, il quitte l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) trop sinophile à son goût. Ce qui pose d’énormes problèmes de financement et d’action à toutes ces organisations. À la décharge de Donald Trump, son action diplomatique a permis de détendre les relations avec la Corée du Nord ou encore de voir la signature d’un traité de paix entre Israël, le Bahreïn et les Émirats Arabes Unis, au grand dam des autorités palestiniennes.
"N'ayez pas peur" du Covid-19 !
À en croire la mise en scène organisée par la Maison-Blanche, les États-Unis n’ont rien à craindre du Covid-19. Fin septembre, Donald Trump a été testé positif et soigné dans un hôpital militaire où il a reçu un traitement expérimental. Quelques jours plus tard, il revient devant les caméras et, enlevant son masque, appelle les Américains à ne pas avoir peur du virus car le pays est paré sur le plan médical. Sauf que la réalité du terrain est tout autre. Alors que le gouvernement rechigne à favoriser les gestes barrières et contredit les experts médicaux, les États-Unis sont le pays le plus endeuillé au monde avec plus de 210 000 morts début octobre. Et surtout, alors que l’accès aux soins est très inégal, une forte surmortalité est observée chez des populations plus pauvres, en particulier les noirs et les Amérindiens.
"Make America great again", quoi qu'il en coûte
Donald Trump aurait pu se prévaloir d’une économie florissante pour la campagne actuelle. Depuis 2017, le pays a connu des taux de croissance records jusqu’à atteindre 2,9 % l’an passé. En parallèle, le chômage était historiquement bas aux alentours de 3,7 %. Une bonne santé qui a permis de diminuer les impôts des sociétés et dans une moindre mesure ceux des particuliers. Puis est arrivée la crise du Covid-19. Le taux de chômage a explosé à 10 % et le PIB devrait reculer de 6,6 % en 2020. L’État a mis 3 000 milliards de dollars sur la table pour limiter les dégâts. Reste maintenant à établir un plan de relance. Pourtant, Donald Trump a gelé ces opérations jusqu'après l’élection. "Immédiatement après que j'aie gagné, nous adopterons une grande loi de soutien qui se concentrera sur les Américains qui travaillent dur et les petites entreprises", prévient-il.
Black Lives Matter, un mouvement "symbole de haine"
Les États-Unis sont une terre de tensions sociales. Les affrontements entre communautés datent de bien avant Donald Trump. Mais sa présence à la Maison Blanche semble les avoir renforcées. Le symbole en est sûrement Charlottesville en août 2017 quand des affrontements entre des suprémacistes blancs et des antifas ont abouti à de graves violences et à la mort d’une militante. Donald Trump ne condamnera pas, et osera tenir ces propos : "Je pense qu'il y a des torts des deux côtés (…). Il y avait des gens très bien des deux côtés". Un véritable tollé. Ce genre de tensions se répétera avec en point d’orgue la mort de George Floyd en mai dernier à Minneapolis et l’ampleur du mouvement Black Lives Matter, jugé "symbole de haine" par le Président. Par ailleurs, le mandat de Trump a été rythmé par une politique migratoire souvent dénoncée, symbolisée par la construction du mur avec le Mexique et la séparation de familles de part et d’autre de la frontière.
Ludovic Dupin @LudovicDupin