Publié le 24 août 2020
POLITIQUE
[Édito] Medef vs Mouves : deux universités d’été pour imposer un nouveau modèle économique
Au même moment, comme deux miroirs, le Medef et le mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves) organisent leur université d’été. Dans les deux cas, il s’agit de dresser un bilan de l’économie exsangue et de faire des propositions pour un changement de modèle, plus durable. La grande organisation patronale a tout à faire pour prouver sa volonté de mutation rapide, tandis que ceux du nouveau monde doivent imposer leur modèle plus numérique et plus social.

@Medef/Mouves
Début septembre, le gouvernement présentera son plan de relance, repoussé d’une semaine afin de traiter prioritairement les conditions sanitaires de la rentrée scolaire le 1er septembre. Ce programme à 100 milliards d’euros est censé "d'ici deux ans, en 2022" permettre à la France "de retrouver le même niveau économique qu'avant la crise", explique le ministre de l’Économie Bruno Le Maire. Mais au-delà de l’enjeu économique, les appels se multiplient pour que ce plan serve d’impulsion à un changement de modèle radical avec un message global.
"Nous pouvons encore inverser la courbe de destruction de nos écosystèmes", déclarent dans une tribune publiée dans Le Monde les 19 maires écologistes français le 22 août. Une date qui n’est pas choisie au hasard, puisque c’est celle du jour du Dépassement où l’humanité a consommé toutes les ressources naturelles que la planète peut produire en un an. Ce dilemme entre deux options très différentes, celle tournée vers l’économie et celle vers l’écologie, est incarné par les programmes de deux rendez-vous majeurs donnés aux entreprises fin août.
La REF, Renaissance des entreprises de France, est organisée par le MEDEF le 26 et 27 août. Ce rendez-vous aborde très largement les thèmes de l’écologie et de l’économie, sur fond de crise sanitaire et générationnelle. Elle mélange à ses intervenants habituels - Premier ministre, dirigeants de grandes entreprises (Carrefour, Société Générale, Suez …) - le député européen Yannick Jadot, la directrice exécutive de Greenpeace Monde Jennifer Morgan, l’étudiante militante pour le climat Camille Étienne… Si la transition écologique est au cœur des débats, l’organisation patronale a encore tout à prouver pour relever le défi du changement des modes de production et de consommation.
Des ministres communs
Quasiment au même moment, les 27 et 28 août, le mouvement des entrepreneurs sociaux, le Mouves, organise son université d’été avec pour slogan #noussommesdemain. Ils veulent proposer leur propre plan de relance pour une transformation radicale. Les organisateurs assurent vouloir "construire la relance par la transition écologique et sociale pour construire l’économie de demain". Les intervenants sont de leur côté en grande majorité ces nouveaux entrepreneurs qui ont bâti, souvent grâce au numérique, des nouveaux business models.
Entre ces deux mondes, des ponts doivent se faire. Ils sont incarnés entre autres par le monde politique. Au moins trois membres du gouvernement participeront aux deux évènements : Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, ministre chargée de l’Industrie, et Élisabeth Moreno, ministre en charge de l’Égalité des chances. Tiraillée entre deux mondes, la France doit faire des choix mis en scène lors de ces deux rendez-vous de la fin de l’été. Cela déterminera le degré d’orientation de l’économie française en lambeaux vers un modèle plus durable. Le couperet sera l’annonce du plan de relance le 2 septembre, qui devra être à la hauteur des attentes des Français et des entrepreneurs.
Ludovic Dupin @LudovicDupin et Anne-Catherine Husson-Traore, @AC_HT, Directrice générale de Novethic