Publié le 05 mars 2019

POLITIQUE

Climat, intelligence artificielle, compétitivité… Les fondations sur lesquelles Emmanuel Macron veut rebâtir l’Europe

Alors que les élections européennes à venir seront marquées par un fort euroscepticisme, le Président Emmanuel Macron diffuse une tribune pour mobiliser les citoyens du continent. Il appelle à créer une Union qui protégera mieux l’environnement, les intérêts économiques et la capacité d’innovation face aux autres superpuissances.

Emmanuel Macron lors de la présentation de la feuille énergétique de la France en novembre dernier.
@DR

Ce mardi 5 mars, le Président de la République Emmanuel Macron a donné le top départ de la campagne pour l’élection européenne programmée le 26 mai prochain. Pour cela, il adresse une tribune aux Européens intitulée "Pour une renaissance européenne". Il y fait valoir les avancées que l’Union européenne doit et peut encore apporter en matière de fiscalité, de sécurité, d’environnement ou encore de protection des données.

 

Dans une section appelée "Retrouver l’esprit de progrès", il propose deux objectifs pour le continent : "Zéro carbone en 2050, division par deux des pesticides en 2025". Pour y parvenir, il souhaite la création d’une "banque européenne du climat pour financer la transition écologique", d’une "force sanitaire européenne pour renforcer les contrôles de nos aliments", d’un outil "d’évaluation scientifique indépendante des substances dangereuses" pour "contrer les lobbies".

"Cet impératif doit guider toute notre action : de la Banque centrale à la Commission européenne, du budget européen au plan d’investissement pour l’Europe, toutes nos institutions doivent avoir le climat pour mandat", ajoute-t-il. Cette banque du climat reprend une des propositions du climatologue Jean Jouzel et de l'économiste Pierre Larrouturou. Ils proposent un traité visant à créer une "banque européenne du climat et de la biodiversité" (BECB), qui serait filiale de la Banque européenne d’investissement (BEI).

Protéger nos intérêts stratégiques

Le Président veut aussi retrouver une capacité européenne à "financer l’innovation en dotant le nouveau Conseil européen de l’innovation d’un budget comparable à celui des États-Unis, pour prendre la tête des nouvelles ruptures technologiques, comme l’intelligence artificielle". Mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres. Au niveau tricolore, la stratégie nationale de recherche en intelligence artificielle prévoit 665 millions d'euros de dépenses jusqu'en 2022. C’est 20 fois plus aux États-Unis et 25 fois plus en Chine.

Par ailleurs, il veut "sanctionner ou interdire en Europe les entreprises qui portent atteinte à nos intérêts stratégiques et nos valeurs essentielles, comme les normes environnementales, la protection des données et le juste paiement de l’impôt". Des mesures qui visent en priorité les Gafa. Ces géants du numérique échappent bien souvent à l’impôt et l’Europe ne parvient pas à trouver de consensus en matière de taxation.

Enfin, il vise à une "juste concurrence", comprendre une Europe qui défend enfin sa compétitivité. Pour cela, il veut que Bruxelles "assume, dans les industries stratégiques et nos marchés publics, une préférence européenne comme le font nos concurrents américains ou chinois". En prenant l’exemple du domaine de l’énergie, cela permettra à l’Europe, qui n’est jamais parvenue à créer de vraies filières industrielles des renouvelables, de ne pas louper la révolution à venir des batteries.

Ludovic Dupin, @LudovicDupin


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