Publié le 12 mai 2020

POLITIQUE

"Aides contre relocalisation", le deal de Bruno le Maire pour sauver la filière automobile fortement touchée par la crise

Le ministre de l’Économie Bruno le Maire assure que le gouvernement va venir en aide aux grands constructeurs automobiles français. Ceux-ci font face à un écroulement de leurs ventes en raison de la crise mondiale de Covid-19. Trois piliers feront une relance saine : le verdissement, la compétitivité et la relocalisation. C’est sur ce dernier point que Bercy demande des garanties aux industriels.

Usine renault de Maubeuge LudovicMarin AFP
Usine Renault de Maubeuge (Nord).
@LudovicMarin/AFP

Parmi les secteurs les plus touchés par la mise à l’arrêt de l’économie mondiale, on compte l’automobile. Ses chaînes de sous-traitance, majoritairement asiatique, se sont effondrées dès le début de la crise en Chine. Quant aux ventes, elles ont considérablement pâti du confinement. En France, elles se sont effondrées de 55 % en mars et 88 % en avril, tandis que la quasi-totalité des usines tricolores étaient à l’arrêt. Au premier trimestre, l’industrie automobile Française affiche un déficit de 3,8 milliards d’euros.

Interrogé sur BFMTV, Bruno le Maire explique que le gouvernement aidera la filière industrielle à condition qu’elle ait en tête trois piliers pour sa relance : la transition énergétique (en particulier vers la voiture électrique), la compétitivité des usines et la relocalisation. Selon lui, ces trois conditions doivent permettre "d’avoir une industrie automobile plus forte à la sortie de la crise". Mais c’est surtout sur le troisième point que le patron de Bercy insiste.

"Si on dit aux constructeurs 'nous sommes prêts à vous aider, nous sommes prêts à améliorer par exemple les primes à la conversion, nous sommes prêts à regarder ce qui peut améliorer votre compétitivité sur les sites de production français', la contrepartie, ce doit être : quelles relocalisations est-ce que vous envisagez ?", prévient-il. "Nous sommes prêts à participer à la filière de la batterie électrique et l’État met beaucoup d’argent sur la table (…) mais en contrepartie il faut que les constructeurs automobiles s’engagent à dire telle catégorie de véhicule sera relocalisée en France", ajoute-t-il.

Chute de la production française

Il faut dire que le secteur a largement pris le parti de mondialiser ses chaînes de production ces dernières années. Le nombre de voitures fabriquées en France est passé de 3,6 millions en 2004, à 2,2 millions en 2019… et 2020 sera pire. La majorité des productions de voitures d’entrée de gamme a été délocalisée dans des pays à bas coût. En décembre dernier, avant la crise, à l’occasion de l’annonce d’un plan d’aide à la filière auto, le ministre jugeait déjà que "ce modèle de développement est obsolète. C'est un échec économique, car il a conduit à délocaliser notre production et à détruire des emplois. La France est le pays d'Europe qui a le plus délocalisé son industrie automobile et a perdu des emplois durant la dernière décennie".

Reste à connaître les engagements des constructeurs. En attendant, Renault à déjà obtenu un prêt garanti par l’État de 5 milliards d’euros. Ne manque plus que l’imminent accord de l’Union européenne. "Il s'agit simplement d'un filet de sécurité. Notre position de liquidité est confortable", explique, rassurante, Clotilde Delbos, directrice financière et directrice générale par intérim de la marque au losange. Pourtant d’ici la fin du mois, la firme va présenter un plan d’économie de 20 % sur trois ans. Pour y parvenir, "nous n'avons aucun tabou et nous n'excluons rien", a expliqué Clotilde Delbos s’exprimant sur des fermetures d’usines et des réductions d’effectifs. Rien qui ne semble présager donc une relocalisation dans l’Hexagone. 

Ludovic Dupin @LudovicDupin 


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