Publié le 03 mai 2018
NUMÉRIQUE
RGPD : Facebook va protéger les Européens, mais pas les autres... malgré les promesses de Mark Zuckerberg
Après le vol de millions de données d'utilisateurs et une réputation au plus bas, le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, avait promis d'appliquer la nouvelle réglementation européenne sur les données personnelles (RGPD) à l'ensemble de ses utilisateurs. Or, il vient de changer le siège social de ses utilisateurs non-européens, passant de l'Irlande aux États-Unis. Ainsi, 70 % de ses utilisateurs ne sont plus soumis à la RGPD, mais au droit américain, bien moins restrictif.

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Les Américains y ont cru. Mais ont vite déchanté. En plein scandale Cambrige Analytica, du nom de l’entreprise qui a aspiré à leur insu les données personnelles de 87 millions d’utilisateurs de Facebook, le PDG du réseau social, Mark Zuckerberg avait tenté de calmer les choses.
Devant le Congrès américain, il avait promis que "tous les réglages et paramètres seront les mêmes dans le monde entier, pas seulement en Europe". Autrement dit, Facebook a promis d’appliquer la nouvelle réglementation européenne sur les données personnelles, la fameuse RGPD, à l’ensemble de ces utilisateurs, européens ou non. Celle-ci doit rentrer en vigueur le 25 mai prochain.
Un coup de com'
Après avoir été fortement mis en difficulté par les utilisateurs, mais aussi par certains investisseurs, le réseau social a donc tenté de redorer son blason. "Dès que le RGPD a été finalisé, nous avons compris qu’il s’agissait d’une opportunité pour investir encore plus dans la protection de la vie privée", écrivaient même le 18 avril le chef de la protection de la vie privée de Facebook, Erin Egan, et l’avocate générale adjointe, Ashlie Beringer, dans un billet.
Mais entre-temps, Facebook s’est prêté à un tour de passe-passe. Selon Reuters, le premier réseau social au monde a changé l’adresse de son siège social pour les utilisateurs qui ne sont pas européens afin qu’il ne soit plus basé en Irlande mais aux États-Unis. Un changement qui lui permet de ne pas avoir à appliquer la RGPD pour 1,5 milliard des inscrits. Soit 70 % des utilisateurs du réseau.
Les non-européens soumis au droit américain
Les non-Européens seront donc soumis au droit américain, bien moins restrictif sur la protection des données personnelles que la RGPD européenne. Au mieux ils pourront "prendre connaissance d’informations importantes sur la façon dont Facebook utilise les données, et à faire des choix en matière de protection de la vie privée sur Facebook", explique Erin Egan et Ashlie Beringer.
Une formule sans détail qui ne dit pas concrètement ce que Facebook va proposer à ses utilisateurs. Il en faudra donc plus au réseau social pour regagner la confiance des internautes. D’autant que les polémiques s’enchaînent pour le réseau social. La dernière en date, la reconnaissance faciale. Trois utilisateurs de l’Illinois viennent en effet de porter plainte contre l’entreprise.
Ils l’accusent d’avoir recueilli, via son système de reconnaissance faciale, des données biométriques sans leur consentement explicite. Le juge chargé du dossier a classifié cette affaire en recours collectif et estime que les dommages-intérêts pourraient atteindre des milliards de dollars.
Par ailleurs, l'entreprise britannique à l'origine du Scandale Cambridge Analytica vient d'annoncer sa faillite. La société mère SCL a annoncé avoir entamé "une procédure d'insolvabilité au Royaume-Uni" et précise que "La compagnie cesse immédiatement toutes ses opérations", a précisé le groupe. Les plaignants craignent que ce soit un moyen de se soustraire à la justice.
Marina Fabre @fabre_marina