Publié le 03 août 2020
NUMÉRIQUE
La plateforme TikTok devient un enjeu de sécurité numérique entre les États-Unis et la Chine, ce qui fait les affaires de Microsoft
Le succès grandissant de TikTok, avec un milliard de jeunes interlocuteurs, commence à poser problème aux États-Unis. Washington accuse la plateforme d’être trop proche de Pékin et de mettre en danger les données des utilisateurs, voire de procéder à de l’espionnage. Opportunément, le géant Microsoft se propose de racheter la branche américaine de la société.
@TikTok
Le réseau social chinois TikTok, spécialisé dans le partage de courtes vidéos, est en train de cristalliser la guerre froide entre Washington et Pékin. Depuis plusieurs semaines, Donald Trump menace de bannir TikTok des États-Unis en raison de risques numériques. Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo explique que cela est nécessaire "en réponse aux divers risques pour la sécurité nationale que posent les logiciels liés au Parti communiste chinois". TikTok a toujours fermement nié tout partage de données avec Pékin.
Des menaces sérieuses pour le réseau qui compte un milliard d’utilisateurs et est très populaire outre-Atlantique. Mais au même moment où émergent ces menaces, Microsoft se propose de racheter d'ici la fin de l'été, la branche américaine de TikTok à ByteDance, sa maison-mère chinoise. D’après un communiqué, des pourparlers sont en cours et pourraient aboutir d'ici le 15 septembre. Pour le secrétaire au Trésor américain Steven Mnuchin, TikTok doit justement être "vendue ou bloquée" aux États-Unis.
Des données transférées aux États-Unis
L'acquisition sera soumise "à une évaluation complète de la sécurité et devra apporter des bénéfices économiques aux États-Unis, y compris au Trésor américain", précise le communiqué de Microsoft qui entend bien profiter de la situation. "Microsoft s'assurera que toutes les données des utilisateurs américains de TikTok sont transférées et restent aux États-Unis", promet la société de Seattle.
Ces derniers mois, le réseau social a tenté de démontrer que son identité et ses pratiques étaient solidement ancrées aux États-Unis. C’est même Kevin Mayer, le 1er juin, l'ancien responsable des plateformes de streaming de Disney (Disney+, Hulu et ESPN+), qui a pris la tête de la plateforme. Mais ailleurs l’application semble bien devoir aux ordres de Pékin alors que, par exemple, début juillet, TikTok a interrompu son activité à Hong Kong à cause de la récente loi sur la sécurité nationale.
Au-delà de la sécurité des données et des risques d’espionnages, certains imaginent que la pression mise par Donald Trump sur le réseau vise à se venger des rangées de sièges vides lors de son meeting de campagne à Tulsa (Oklahoma) fin juin, quand des adolescents avaient proclamé sur TikTok qu'ils avaient commandé de nombreux billets d'entrée avec la ferme intention de ne pas y aller.
Ludovic Dupin avec AFP