Publié le 22 avril 2023
INFOGRAPHIES & VIDÉOS
Paris est la ville la plus mortelle d’Europe en cas de canicule : tous les chiffres en une infographie
Paris est la ville d'Europe où le risque de mourir de chaud est le plus élevé parmi plus de 850 villes analysées par des chercheurs anglais. La capitale est particulièrement vulnérable à la canicule en raison de sa densité, de ses constructions très minérales, qui créent un effet d'îlot de chaleur insoutenable dès que le mercure grimpe.

@Croix-Rouge française - COM 75 - Benjamin Vancrayenest
C’est une conclusion plus que surprenante. Des chercheurs anglais ont analysé des données sur 854 villes de 30 pays européens pour évaluer les risques de surmortalité liés à la chaleur. Leurs conclusions, publiées dans la revue d’avril de The Lancet Planetary Health, révèlent que Paris est la ville en Europe où le risque de mourir en cas de canicule est le plus élevé. En cause, le phénomène d'îlot de chaleur urbain, qui peut générer une augmentation supplémentaire de la température pouvant aller jusqu’à 8 ou 10°C par rapport à ses alentours, notamment la nuit.
Or la chaleur est le risque le plus important lié au changement climatique, devant les crues ou les fortes pluies. Santé Publique France a ainsi comptabilisé une surmortalité relative +21 % en Ile de France, en 2019 comme en 2022, étés marqués par de fortes chaleurs. Et on estime le nombre de décès liés à la chaleur à 400 en moyenne par an. La Ville de Paris s’est déjà réchauffée de 2,3°C par rapport à l’ère préindustrielle et a enregistré une température maximale de 42,6°C à l’été 2019.
35 nuits tropicales par an
Selon les prévisions, Paris pourrait connaître des vagues de chaleur (température au-dessus de 30°C) en moyenne 34 jours par an d’ici 2080, contre 14 jours par an dans les années 2010. On assisterait également à une multiplication par 7 du nombre moyen de nuits tropicales (au-dessus de 20°C) qui passerait de 5 jours par an à 35 jours par an sur la même période. D’après les climatologues, les scénarios de pics de chaleur à 50 degrés sont envisageables. "Il est difficile de dire quand, mais (...) cette possibilité ne peut plus être exclue", estime Robert Vautard, directeur de recherche à l’institut Pierre-Simon Laplace.
Pour s’y préparer, une mission d’information et d’évaluation, "Paris 50°C : préparer la ville aux méga-canicules", présidée par Alexandre Florentin, conseiller Génération écologie de Paris, a été lancée il y a six mois. Elle vient de rendre ses conclusions, que Novethic a pu consulter. Les 15 élus de tous bords politiques qui la composent sont arrivés à un consensus sur 85 préconisations qui abordent aussi bien la question de la végétalisation de la ville et de sa débitumisation, de la rénovation énergétique des bâtiments ou encore de la circulation des voitures en période de canicule.
"Deuxième révolution haussmannienne"
"Ce rapport dit à quel point la situation est grave et vertigineuse, il montre aussi qu’il est possible de s’adapter au changement climatique mais ça demande une rupture, une deuxième révolution haussmannienne. Tous les acteurs doivent donc se saisir du sujet et prendre leur responsabilité à tous les niveaux et pas seulement à l’échelle de la ville de Paris", insiste Alexandre Florentin auprès de Novethic. Il assure que "les perspectives de transformation sont enthousiasmantes" et "ouvrent la porte à un futur désirable : faire de Paris une ville-oasis, aux rythmes différents selon les saisons."
Parmi les recommandations, il y a par exemple la mise en place d’une placette-oasis par quartier comme lieux de fraîcheur et de socialisation, la formation des Parisiens au jardinage, des trames vertes à partir des jardins, la révision des normes de rénovation et de construction neuve pour assurer une réelle prise en compte du confort d’été, l'inscription du risque canicule dans le code du Travail, le développement des toits-terrasses collectifs et des toitures blanches, l’interdiction des climatiseurs qui rejettent de l’air chaud dans la rue ou encore la mise en place de tarifs réduits pour permettre aux plus vulnérables d’accéder à des lieux culturels frais (cinémas, musées…).
Le rapport a été remis le vendredi 21 avril à Emmanuel Grégoire, Premier adjoint à la Maire de Paris, en charge de l’urbanisme. Ses recommandations pourront ensuite être intégrées à deux textes actuellement révisés par l'exécutif, le plan local d'urbanisme (PLU) et le Plan climat, qui doivent être présentés au conseil municipal en juin et juillet.