Publié le 25 février 2019
INFOGRAPHIES & VIDÉOS
[Infographie] L'Affaire du siècle : où en est vraiment la France sur ses engagements climatiques ?
Émissions de CO2, neutralité carbone, énergies renouvelables, agroécologie, déploiement de véhicules bas-carbone : où en est la France en matière de transition écologique ? Selon les associations, le pays est très en retard et va manquer ses objectifs. Novethic fait le point.

@ake1150sb
Ce sera finalement devant les tribunaux que se réglera l’Affaire du siècle. La pétition signée par plus de deux millions de Français interpellait l’État sur son inaction climatique. La semaine dernière, le gouvernement répondait aux ONG (Greenpeace, Oxfam, la Fondation Nicolas Hulot (FNH) et à l'association Notre affaire à tous) en garantissant le plein engagement du pays sur ses objectifs.
Selon le ministre de la Transition écologique, François de Rugy, "l'État français est parmi les plus actifs pour lutter contre le dérèglement climatique". Et ajoute : "Le gouvernement actuel est sans doute celui qui a poussé l'ambition le plus haut en fixant dès le début du quinquennat l'objectif d'atteindre zéro émission nette de CO2, soit la neutralité carbone, d'ici à 2050".
"C'est un coup de communication", réagit Antonin Laurent, chargé de mission Notre Affaire à tous. "Le gouvernement se rend compte que l'Affaire du siècle est un phénomène de société, il s'est donc senti obligé de répondre mais derrière, il n'y a rien de concret". "Aujourd'hui la France n'est pas en mesure d'atteindre les objectifs qu'elle s'est elle-même fixée", assure de son côté Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France au micro d’Europe 1. C'est pourquoi, ces ONG vont déposer leur recours le 14 mars prochain.
Qui dit vrai ? En s’appuyant notamment sur une étude de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) (1), publiée en octobre 2018, Novethic a dressé le bilan secteur par secteur. Si on constate une baisse des émissions par habitant et par point de PIB, il y a en revanche des retards sur les objectifs en matière de transports, de bâtiment, d’agriculture et d’énergie.
Les véhicules bas-carbone, en particulier électriques, peinent à percer alors que le gouvernement s’est fixé comme objectif la fin des voitures thermiques en 2040. La future loi mobilité devra acter le report modal du routier individuel vers des modes de déplacements doux et collectifs et mettre des moyens pour amorcer cette bascule.
Du côté des rénovations énergétiques, les différents organismes pointent du doigt un manque de données criant. Toutefois, la France ne serait pas si loin de l’objectif de 500 000 rénovations par an pris par le gouvernement. Bien plus que la massification, l’enjeu porte maintenant sur la mise en œuvre d’actions réellement performantes et globales pour réduire significativement la consommation d'énergie et l'efficacité énergétique des bâtiments.
"Les analyses sectorielles témoignent de la difficulté à engager une transformation structurelle du système économique dans son ensemble et de certains secteurs clés (comme les transports et le bâtiment) en particulier, notamment en ce qui concerne l’effort de maîtrise des consommations", note l’Iddri dans sa conclusion. "Ce bilan confirme par conséquent le sentiment d’urgence sur le renforcement des politiques publiques pour le climat, sans quoi la crédibilité du projet de transition pourrait rapidement s’éroder."
Concepcion Alvarez, @conce1