Publié le 26 janvier 2021
INFOGRAPHIES & VIDÉOS
[Infographie] Sans changement profond de nos activités, les pandémies seront plus fréquentes, meurtrières et coûteuses
Les pandémies vont se multiplier, tuer davantage de personnes que le Covid-19 et coûter cher. C'est l'alerte lancée par une vingtaine d'experts internationaux de renom pour qui la seule solution consiste à changer nos modes de production et de consommation, préserver la biodiversité et lutter contre le changement climatique. Cette approche systémique autour d'une seule et même crise est de plus en plus mise en avant par les spécialistes et commence à être prise en compte par les dirigeants.

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C’est un rapport choc (1) de l’IPBES, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, l’équivalent du Giec pour la biodiversité. Il alerte sur le fait que "des pandémies futures vont apparaître plus souvent, se propageront plus rapidement, causeront plus de dommages à l'économie mondiale et tueront plus de personnes que la Covid-19, à moins que l'approche globale de la lutte contre les maladies infectieuses ne soit modifiée".
Le Covid-19 est la sixième pandémie depuis la grippe espagnole de 1018. Apparue il y a tout juste un an, elle continue de sévir. Elle a déjà tué plus de deux millions de personnes, contaminé 96 millions d'individus et coûté entre 8 000 et 16 000 milliards de dollars jusqu’à juillet 2020 seulement. Or, on estime à 1,7 million le nombre de virus non découverts actuellement présents dans les mammifères et les oiseaux, dont 827 000 pourraient avoir la capacité d'infecter les êtres humains.
Climat, biodiversité, pandémies : un seul et même combat
"Il n'y a pas de grand mystère sur la cause de la pandémie de COVID-19, ou de toute autre pandémie moderne", a déclaré le Dr Peter Daszak, l'un des auteurs. "Ce sont les mêmes activités humaines qui sont à l'origine du changement climatique, de la perte de biodiversité et, de par leurs impacts sur notre environnement, du risque de pandémie. Les changements dans la manière dont nous utilisons les terres, l'expansion et l'intensification de l'agriculture, ainsi que le commerce, la production et la consommation non durables perturbent la nature et augmentent les contacts entre la faune sauvage, le bétail, les agents pathogènes et les êtres humains. C'est un chemin qui conduit droit aux pandémies."
Les experts estiment que le coût de la prévention et de la réduction des risques de pandémies est 100 fois moins élevé que le coût de la réponse à de telles pandémies. Ils préconisent la mise en place d’un Conseil intergouvernemental de haut niveau sur la prévention des pandémies pour conseiller les dirigeants du monde entier à l’instar de ce qui existe sur le climat et la biodiversité. Et ils recommandent une approche systémique autour de l'approche ‘One health’ (une seule santé) pour la biodiversité, les animaux et les hommes.
Lors du One Planet Summit Biodiversité, organisé à Paris le 11 janvier dernier, l’initiative internationale Prezode (Prevention of the emergence of zoonotic diseases) a été lancée. Il s'agit d’une alliance de recherche dédiée à la prévention de nouvelles pandémies issues de réservoirs animaux autour justement de l'approche One Health afin de définir des solutions adaptées qui permettent d'identifier et de réduire les principaux facteurs à l'origine des risques d'émergence zoonotiques. Emmanuel Macron appelle par ailleurs à faire converger les trois sujets - climat, biodiversité et désertification - dans un sommet des trois COP en marge de l'Assemblée générale des Nations-Unies de septembre.
Concepcion Alvarez @conce1
(1) Voir le rapport de l'IPBES