Publié le 10 mars 2020
INFOGRAPHIES & VIDÉOS
[Infographie] Le coronavirus met en lumière notre extrême dépendance à la Chine
La France est très liée à la Chine pour les importations de produits informatiques, l'électronique, le textile et les chaussures. Mais les importations de ces biens commencent à fléchir au profit de secteurs plus stratégiques tels que l’automobile, l’aéronautique et les médicaments. L'épidémie de Coronavirus Covid-19 prouve l'extrême vulnérabilité de ce système.

@Image China
"Il y aura, dans l'histoire de l'économie mondiale, un avant et un après coronavirus", a déclaré Bruno Le Maire au micro de France Inter lundi 9 mars. "Nos peuples demandent que nous soyons plus indépendants. (…) Je pense qu’il faut que nous tirions sur le long terme toutes les conséquences de cette épidémie sur l’organisation de la mondialisation. Il faut renforcer notre souveraineté sur des chaînes de valeurs qui sont stratégiques et donc réduire notre dépendance vis-à-vis d'un certain nombre de grandes puissances", a expliqué le ministre de l'Économie.
Dans le viseur du gouvernement, la dépendance de la France vis-à-vis de la Chine sur un certain nombre de produits stratégiques qui touchent le secteur de l’automobile, l’électronique ou encore les médicaments. "On ne peut pas avoir aujourd'hui 80 % des principes actifs dans un médicament que nous consommons à l'étranger", estime le ministre. De même, "nous dépendons à 80% de la Chine ou de la Corée du Sud pour les batteries électriques", ajoute-t-il.
En 2018, les importations françaises de biens chinois dans les secteurs caractéristiques de l’"usine du monde" - informatique, électronique, habillement - sont encore majoritaires mais sont moins dynamiques. En revanche, les importations dans des domaines stratégiques sont en forte hausse : +47 % dans l'automobile, +13 % dans le pharmaceutique et +35 % dans l’aérospatial.
Une croissance sous la barre des 1 %
L’impact de l'épidémie de coronavirus sera sévère sur la croissance française en 2020, qui devrait se situer en dessous de 1 %. Les chiffres du premier trimestre montrent qu’à partir du moment où l’épidémie se déclenche, il y a un fort ralentissement. Un certain nombre de secteurs sont d'ores et déjà très durement touchés avec des baisses de chiffre d'affaires de 30 à 40 % en moyenne dans l'hôtellerie, de 25 % pour les restaurateurs, de 60 % pour les traiteurs et des baisses très importantes dans l'événementiel, précise Bercy.
L’automobile et l’électronique sont également concernées. "Nous avons environ 300 fournisseurs chinois sur un total de 8 000, et ceci met évidemment nos usines européennes dans la dépendance de ces fournitures", indique Carlos Tavares, président de PSA, à Challenges. "Nous entrons dans une phase critique, confie à L'Usine Nouvelle Richard Crétier, délégué du Snese, le syndicat de la sous-traitance électronique. La quasi-totalité des circuits imprimés consommés en France vient de Chine. Or il n’y a plus de livraisons de ce composant depuis trois semaines et les stocks sont maintenant à zéro".
Le coronavirus peut être un "game changer"
L’usine du monde fournit aujourd’hui 30 % de la production industrielle mondiale et représente 15 % des exportations de biens manufacturés. Mais Bruno Le Maire veut croire que "le coronavirus est un game changer (un événement qui change la donne, NDR) dans la mondialisation". Bercy entend ainsi passer au tamis l’ensemble des secteurs afin de détecter les "vulnérabilités stratégiques d’approvisionnement des filières industrielles françaises" et en tirer les conséquences.
Sanofi a déjà fait savoir qu’il allait relocaliser une partie de ses activités de production de principes actifs en France. Et une étude, publiée dans les prochains jours, doit établir une liste de médicaments indispensables afin d'organiser la relocalisation de leur production. Dans le domaine de l'automobile, l’Europe a lancé un Airbus des batteries électriques avec une usine pilote en nouvelle Aquitaine. Une usine de production est attendue dans le nord de la France pour 2022, et pour 2024 en Allemagne.
Concepcion Alvarez, @conce1