Publié le 18 juin 2019
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[Infographie] Comment la France compte atteindre la neutralité carbone en 2050 et rattraper son retard
Le projet de loi Energie-Climat discuté la semaine prochaine à l’Assemblée nationale consacre l’objectif de neutralité carbone en 2050. Il s’agit de diviser par six les émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2050, mais surtout d’arriver à un équilibre net entre les tonnes de CO2 émises et celles qui sont absorbées. Voici le plan de la France pour y arriver.

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Le principe de neutralité carbone suppose de ne pas émettre plus de gaz à effet de serre que le pays ne peut en absorber. La France s’engage donc à atteindre cet équilibre entre tonnes de carbone émises et tonnes de carbone absorbées en 2050. Pour y arriver, "la première chose à faire c’est de réduire nos consommations d’énergie et de matières premières puis dans un second temps de réduire au maximum nos émissions de gaz à effet de serre" explique Lola Vallejo, chercheuse à l’Institut du Développement Durable et des Relations Internationales (Iddri).
Ainsi, la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) de la France, véritable feuille de route vers la neutralité carbone, estime que le pays pourra totalement décarboner les secteurs de l’énergie, des transports et des bâtiments. En revanche, l’industrie mais surtout l’agriculture ne pourront pas atteindre l’objectif de zéro émission en 2050. "On ne pourra pas par exemple se passer de vaches – qui sont par ailleurs importantes pour la biodiversité. Or elles émettent beaucoup de méthane. De même, dans l’industrie, il y a des procédés chimiques qu’on ne pourra pas supprimer" commente la spécialiste.
C’est là qu’intervient la compensation. La France compte majoritairement sur ses puits de carbone naturels que sont les sols, les forêts et les océans pour absorber les émissions de gaz à effet de serre qui n’auront pas pu être supprimées, mais doit pour cela contribuer à leur préservation. Et pour une petite partie d’entre elles, 10 millions de tonnes équivalentes CO2 environ, elle fera appel aux puits de carbone artificiels tels que le captage et stockage du CO2 qui ne sont pas encore des technologies matures. "Il serait en outre dangereux et illusoire de se reposer uniquement sur ces solutions-là" rappelle Lola Vallejo.
Le problème c’est que le budget carbone alloué pour atteindre la neutralité carbone n’est pas respecté depuis la mise en place de la SNBC en 2015. Ainsi pour le premier budget carbone, qui couvrait la période 2015-2018, on note un dépassement de 4 %, soit 72 millions de tonnes de CO2. Pour la deuxième période 2019-2023, on s’oriente vers un nouveau dépassement : + 6%, soit 118 millions de tonnes de CO2. La SNBC précise ainsi que le troisième budget carbone devra strictement être respecté pour atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050 et s’aligner avec l’Accord de Paris.
"2050, c'est intéressant. La France est douée pour les objectifs de long terme, mais pas bonne sur la mise en oeuvre", réagit Anne Bringault, du Réseau Action Climat (RAC), devant la presse. "Il faut se mettre tout de suite sur la bonne trajectoire, alors que nous sommes en retard sur les énergies renouvelables, la réduction des GES, la baisse des consommations d'énergie...", relevant que le projet de loi Energie-Climat ne prévoit "pas de dispositifs concrets, rien sur la rénovation énergétique des bâtiments, l'agriculture, les transports."
Outre la France, le Royaume-Uni vient tout juste d’annoncer qu’il visait lui aussi la neutralité carbone en 2050 en s’appuyant massivement sur les puits de carbone artificiels. La Norvège souhaite l’atteindre dès 2030 tandis que le Japon le fera après 2050 seulement, et sans renoncer à ses polluantes centrales à charbon.
Concepcion Alvarez, @conce1