Publié le 04 décembre 2019
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[Infographie] Accord de Paris : les émissions de CO2 en hausse de 4 % depuis la COP21
Jusqu’au 13 décembre, les pays du monde entier sont réunis à Madrid pour conclure les dernières règles de mise en œuvre de l’Accord de Paris et lui redonner une impulsion politique afin d’être prêts en 2020 pour une véritable relève de l'ambition climatique. À ce jour, tous les voyants sont au rouge. Après plusieurs décennies de perdu, le temps presse.

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Émissions de CO2 à la hausse, concentration record de carbone dans l’atmosphère, engagements quasi-inexistants des pays du G20 – qui comptent pour 80 % des émissions mondiales –, secteurs qui peinent à opérer leur décarbonation… Les rapports d'alerte se multiplient et arrivent tous à la même conclusion. Quatre ans après la signature de l’Accord de Paris, tous les voyants sont au rouge. Pourtant, il y a urgence. Les pays signataires, réunis à Madrid jusqu'au 13 décembre, doivent drastiquement réduire leurs émissions pour espérer contenir le réchauffement planétaire sous la barre des 2°C, voire 1,5°C, par rapport à l’ère préindustrielle.
Or, depuis la COP21 de 2015, les émissions mondiales de CO2 ont crû de plus de 4 % selon les projections du Global Carbon Project, publiées ce mercredi 4 décembre, à partir des premières estimations pour 2019. Celles-ci ne sont pas bonnes puisqu'elles prévoient encore une hausse de 0,6 % sur l'année au niveau mondial, par rapport à 2018. "L'utilisation de gaz naturel est le principal facteur qui explique la croissance des émissions depuis 2012, couplée à la croissance continue du pétrole, alors que l'utilisation du charbon baisse" expliquent les auteurs.
"Le pic des émissions n'est toujours pas en vue", regrette Philippe Ciais, chercheur au LSCE (Institut Pierre Simon Laplace). "Il est urgent de redoubler d'efforts pour rester sous la barre des 2°C fixé dans l'Accord de Paris. Avec l'augmentation actuelle des émissions, atteindre cet objectif devient un défi extraordinairement difficile à relever", poursuit le chercheur. Si les États-Unis et l'Union européenne voient leurs émissions baisser en 2019, ce n'est pas le cas de la Chine et de l'Inde, où elles continuent de croître.
"Le monde est à un tournant et d'ici la fin de la prochaine décennie, nous serons sur un de ces deux chemins", a mis en garde Antonio Guterres, dans son discours d’ouverture à la COP25. "L'un est le chemin de la capitulation, où nous aurons dépassé comme des somnambules le point de non-retour, mettant en danger la santé et la sécurité de tous les habitants de cette planète. L'autre option est le chemin de l'espoir. Un chemin dans lequel les énergies fossiles restent là où elles devraient être, dans le sol, et où nous parviendrons à la neutralité carbone d'ici 2050", a-t-il poursuivi. "Faisons preuve de la volonté politique que les peuples attendent de nous."
L'absence d'Emmanuel Macron pointée du doigt
Certaines ONG françaises déplorent notamment l’absence d’Emmanuel Macron, qui a annulé son déplacement dans la capitale espagnole en raison du mouvement de grève prévu ce jeudi 5 décembre. "Emmanuel Macron ne peut pas demander aux jeunes d’aller manifester en Pologne ou de nettoyer les plages corses et laisser les pays climato-sceptiques paralyser une des enceintes décisives de la lutte contre le changement climatique. Chacun doit faire ses devoirs : la jeunesse et les scientifiques font les leurs, tandis que les dirigeants politiques jouent aux cancres", souligne Clément Sénéchal, chargé de campagne Climat à Greenpeace France.
Le premier ministre, Édouard Philippe, s’est rendu lundi matin à Madrid pour l’ouverture de la COP25. Dans une tribune publiée en amont, il s’est montré optimiste pour le climat et a appelé à ne pas baisser les bras. "Le seul effondrement qui nous menace pour l’instant, c’est celui de nos volontés", a-t-il affirmé. "Quand je vois la formidable mobilisation des jeunes générations, la rapidité de certains changements, l’importance que la préservation de l’environnement prend dans le débat public, je me dis que l’humanité est loin d’avoir dit son dernier mot", a-t-il poursuivi. Elle doit en tout cas accélérer car après "une décennie perdue" (2009-2019), prévient l’Onu, les pays devront réduire de 7,6 % leurs émissions carbonées chaque année entre 2020 et 2030 pour espérer limiter le réchauffement climatique à 1,5°C d’ici la fin du siècle.
Concepcion Alvarez, @conce1