Publié le 13 octobre 2022
INFOGRAPHIES & VIDÉOS
Gorilles des plaines, éléphants d’Afrique, requins océaniques… plus des deux tiers des vertébrés ont disparu en 50 ans
Sans surprise, l'état de la biodiversité dans le monde est critique. L'Indice planète vivante 2022, publié ce jeudi 13 octobre par le WWF, montre un recul de 69% des populations de vertébrés sauvages entre 1970 et 2018. La COP15 Biodiversité, qui se tiendra en décembre au Canada, doit permettre de fixer de nouveaux objectifs mondiaux afin d'enrayer cette perte.

@Rick Murphy CCO
"Code rouge". Voici comment le directeur général du WWF International évoque l’état de la biodiversité dans le monde. À quelques semaines de la COP15 sur la biodiversité, l’ONG publie son désormais traditionnel "Indice planète vivante" qui permet de suivre l’état des espèces dans le monde. Et les nouvelles données sont encore alarmantes, avec un nouveau recul. Les populations d'animaux sauvages vertébrés (poissons, reptiles, oiseaux, mammifères, amphibiens et reptiles) ont ainsi chuté de 69% entre 1970 et 2018.
"Le message est limpide. Tous les voyants sont au rouge. Notre rapport le plus complet jamais publié sur l'état des populations mondiales de vertébrés sauvages énonce des chiffres terrifiants : un déclin des deux tiers de l'indice planète vivante mondial en moins de 50 ans", constate Marco Lambertini, le patron de l’ONG. L’indicateur, publié tous les deux ans, est calculé avec la Société zoologique de Londres (ZSL) à partir de données scientifiques collectées sur 32 000 populations de plus de 5 230 espèces de vertébrés.
Le changement climatique en passe de devenir la principale cause de perte de biodiversité
Aujourd’hui, la première cause de perte de biodiversité est le changement d’usage des terres. Ce sont donc les régions qui subissent une forte déforestation qui ont des taux de déclin très élevés. C’est le cas de l’Amérique du Sud et des Caraïbes (-94%), suivies de l’Afrique (-66%) et de la région Asie et Pacifique (-55%). Mais selon le WWF, si nous ne parvenons pas à limiter le réchauffement à 1,5°C, comme prévu dans l’Accord de Paris, le changement climatique deviendra la principale cause de perte de biodiversité au cours des prochaines décennies.
"Le changement climatique est le clou final dans le cercueil de la biodiversité", réagit Arnaud Gauffier, directeur des programmes au sein du WWF France. En Guyane par exemple, la population de tortue luth, qui est la plus grande tortue du monde, a chuté de plus de 95% en 20 ans. La pêche illégale est le premier facteur de disparition du fait de la mortalité directe des femelles adultes. Mais à cela s’ajoute le changement climatique, qui augmente à la fois l’érosion des plages et la température du sable. Cela modifie le sex-ratio des jeunes tortues et risque de porter le coup fatal à cette espèce déjà fragilisée, alerte l’ONG.
Une COP15 sans chefs d’État
"Nous sommes confrontés à la double urgence du changement climatique et de la perte de biodiversité. La préservation des espèces et de la nature nécessite de combiner les actions de protection, de restauration et de transformation de nos modes de production et de consommation. La situation est certes dramatique, mais pas désespérée, les exemples qui fonctionnent sont nombreux : les aires protégées et gérées par les communautés locales montrent une biodiversité florissante, la restauration des écosystèmes par les solutions fondées sur la nature est bénéfique pour la biodiversité et aussi pour le climat", énumère Véronique Andrieux, directrice générale du WWF France.
Les regards sont désormais tournés vers la COP15 biodiversité de Montréal, qui se tiendra du 7 au 19 décembre et qui doit permettre de fixer de nouveaux objectifs mondiaux à 2030. Pour l’heure, plus de 90 dirigeants ont approuvé un accord pour préserver la nature, s'engageant à inverser la perte de biodiversité d'ici la fin de la décennie. Le G7 de son côté a affiché son ambition de garantir un monde au bilan "nature positif", une demande forte des ONG. Mais la COP pourrait se tenir sans chefs d’État selon des documents publiés récemment. Seuls les ministres chargés du sujet et les responsables d’ONG ont officiellement été invités. De quoi laisser penser que le rendez-vous n’est pas important alors qu’il est bel et bien crucial pour l’avenir de la planète.
Concepcion Alvarez @conce1