Publié le 03 juillet 2017
GOUVERNANCE D'ENTREPRISE
François De Rugy, Barbara Pompili, Nicolas Hulot… Quand l’écologie politique accède au pouvoir
Après un quinquennat de dissensions et une absence remarquée pendant la campagne présidentielle, l’écologie politique était déjà annoncée perdue pour la cause. Pourtant, un mois après l’élection d’Emmanuel Macron, celle-ci n’a jamais eu autant de poids qu’aujourd’hui avec François De Rugy au perchoir, Barbara Pompili à la présidence d’une commission et Nicolas Hulot ministre d’État.

@AFP @Assemblée nationale
L’écologie politique, incarnée depuis 2010 par EELV, semblait être en train de disparaître. Durant tout le quinquennat précédent, le parti s’est désagrégé, incapable qu’il fut de s’entendre sur le respect de son alliance avec le PS et sur son rapprochement avec l’extrême gauche. La conséquence est qu’en 2017, EELV n’a même pas eu de candidat lors de la présidentielle. Le vainqueur des primaires, Yannick Jadot, a choisi de se rallier au candidat socialiste Benoît Hamon. Ce dernier a été éliminé dès le premier tour avec 6,4 % des suffrages. Pas mieux lors de la dernière élection législative. Aucun candidat accédant à l’hémicycle ne portait l’étiquette EELV…
Et pourtant, jamais l’écologie politique n’a semblé aussi influente qu’aujourd’hui ! Le mardi 27 juin, François de Rugy, député de Loire-Atlantique, est devenu Président de l’Assemblée nationale, quatrième personnage de l’État. Le 29 juin, c’est Barbara Pompili, députée de la Somme, qui a pris la présidence de la commission du Développement durable et de l'Aménagement du territoire, l’une des huit commissions permanentes de l’Assemblée nationale. Bien sûr il ne faut pas oublier Nicolas Hulot, qui est l’un des deux ministres d’État du gouvernement, en charge de la Transition énergétique et solidaire.
La revanche des dissidents EELV
Aucun de ces trois acteurs n’a eu un parcours classique. François de Rugy avait pris ses distances dès 2015 avec EELV dont il dénonçait un "repli sectaire". Il s’était même présenté à la primaire socialiste, dont il est arrivé cinquième. Il refusera, au final, de soutenir le vainqueur Benoît Hamon, et s’engagera au côté d’Emmanuel Macron.
Barbara Pompili a, elle aussi, quitté EELV en 2015 après l’alliance avec le parti de gauche aux régionales. Elle restera fidèle à l’alliance avec le parti socialiste et restera Secrétaire d’État chargée de la Biodiversité, auprès de la ministre de l'Environnement, Ségolène Royal, jusqu’en 2017. Quant à Nicolas Hulot, on sait le temps qu’il lui aura fallu avant d’accepter un ministère taillé à sa mesure.
Ce qui rapproche ces trois écologistes, passés sous la bannière de la République en Marche, est l’ouverture au dialogue avec le monde économique. Une forme de pragmatisme qui leur permet de soumettre leurs actions à l’épreuve des faits plutôt qu’à leur seule idéologie. C’est ce qui a rendu ces écologistes "Macron-compatibles".
Des arbitrages favorables
Le crédit qu’Emmanuel Macron porte à ses nouveaux alliés s’est d’ailleurs bien vu le 26 juin dernier. Invité sur RMC, le nouveau ministre de l’Agriculture Stéphane Travert confirmait, aux 800 000 auditeurs de la matinale de Jean-Jacques Bourdin, des informations selon lesquelles le gouvernement envisageait de revenir sur l'interdiction des néonicotinoïdes, un pesticide anti-nuisibles accusé de tuer les abeilles. Dans les minutes qui suivaient, Nicolas Hulot réagissait sur twitter : "Les interdictions de néonicotinoides et de l’épandage aérien ne seront pas levées, les arbitrages ont été rendus en ce sens".
Dans la foulée, Matignon publiait un communiqué officiel pour désavouer son ministre de l’Agriculture et soutenir celui de la Transition écologique : "le Gouvernement a décidé de ne pas revenir sur les dispositions de la loi de 2016 (qui interdit les néonicotinoïdes jusqu’en 2020, ndlr)". C’est le signe que l’écologie est à l’agenda des deux têtes de l’exécutif, Emmanuel Macron et Édouard Philippe. Ils ont conscience que certaines causes environnementales ont gagné l’opinion. L’une des missions de ce trio de vigies écologistes sera de rappeler l’exécutif à son devoir environnemental chaque fois que cela sera nécessaire.
Par Ludovic Dupin @LudovicDupin et Anne-Catherine Husson-Traore, Directrice générale de Novethic, @AC_HT_