Publié le 17 juin 2018
GOUVERNANCE D'ENTREPRISE
Mis sous pression par Bruno Le Maire, l'ex-patron de Carrefour renonce à son indemnité de 4 millions d’euros
L'ancien PDG de Carrefour Georges Plassat a renoncé à son indemnité de départ, sous la pression du gouvernement qui avait jugé sa rémunération "choquante" compte-tenu des déboires du groupe de distribution.

@Carrefour
Georges Plassat, qui a quitté la direction de Carrefour, a "décidé de renoncer à l'application de la clause de non concurrence qui lui avait été octroyée et donc au versement de l'indemnité de départ correspondante", a annoncé Carrefour dans un bref communiqué. La somme correspond à près de 4 millions d'euros.
L'ancien dirigeant a pris cette décision "en raison de l'incompréhension qui entoure les conditions financières de son départ", explique Carrefour. Les actionnaires du groupe avaient approuvé vendredi à 68 % l'octroi à Georges Plassat d'une rémunération de 13,17 millions d'euros en 2017. Cette somme comportait une indemnité de départ sous la forme d'un engagement de non-concurrence.
Cette clause devait en théorie assurer que Georges Plassat ne devienne pas dirigeant d'un groupe concurrent de Carrefour, un cas de figure pourtant peu probable compte tenu de son âge (68 ans lors de son départ) et de ses problèmes de santé.
Mauvais résultats
Cet énorme chèque avait suscité la colère des syndicats du groupe, en pleine restructuration, la CFDT dénonçant une somme "dépourvue de toute exemplarité" et "déconnectée" des résultats du distributeur.
"Que l'échec soit récompensé par des rémunérations très élevées, c'est incompréhensible et choquant", a jugé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, dans un entretien à l'AFP. Carrefour est en effet engagé dans un sévère plan de restructuration sous la direction du nouveau PDG Alexandre Bompard, avec des milliers de suppressions d'emplois annoncées en janvier.
"Les anciens dirigeants de Carrefour ont laissé une situation très dégradée, cette situation a amené la nouvelle direction à prendre des mesures de restructuration qui vont se traduire par des pertes d'emplois et des fermetures de magasins. On ne peut sanctionner cet échec par des rémunération élevées et une telle prime de départ", a estimé le Bruno Le Maire.
Code Afep-Medef
Au-delà du cas de Georges Plassat, le ministre a sommé le patronat dans son ensemble d'agir pour éviter de tels cas de figure en renforçant le code Afep-Medef.
Ce code élaboré par l'Association française des entreprises privées (Afep), qui regroupe les plus grands groupes français, et le Medef, est une sorte de code de bonne conduite. Il avait déjà été renforcé fin 2016 sous la pression du gouvernement après la polémique née de l'"affaire Renault" liée à la rémunération du PDG Carlos Ghosn.
"L'Afep et le Medef doivent prendre des mesures fortes pour renforcer le suivi et l'application par ses membres du code Afep-Medef", a demandé Bruno Le Maire.
Ces deux organisations patronales "avaient assuré l'État français que ce code de conduite serait suffisant" et "nous serons très vigilants sur les décisions que prendront l'Afep et le Medef pour renforcer leur code de conduite et renforcer l'effectivité de ce code de conduite", a-t-il insisté. Il en va de leur "crédibilité".
Les deux organisations indiquent qu'elles "publieront une version renforcée du code de gouvernement d'entreprise dans les prochains jours" et que "celle-ci intégrera des recommandations de nature à éviter les écarts constatés récemment".
La Rédaction avec AFP