Publié le 29 mars 2018
GOUVERNANCE D'ENTREPRISE
Le plan de la France pour faire plancher ses meilleurs cerveaux sur l’Intelligence artificielle
Pour que la France "ne rate pas le train de l'intelligence artificielle" (IA), Emmanuel Macron présente jeudi 29 mars un plan pour développer cette nouvelle technologie en passe de révolutionner l'économie et la société, actuellement largement dominée par les États-Unis et la Chine.

@EtienneLaurent/AFP
Attirer les meilleurs chercheurs, créer un centre français de niveau international, développer une politique des données, faire émerger des champions français et engager une réflexion sur l'éthique et la régulation de ces innovations. Voici les grands axes qu’a annoncé le chef de l'État, accompagnés d'une enveloppe financière conséquente.
Son programme s'inspire du rapport commandé en septembre au mathématicien et député (LREM) Cédric Villani, qui a piloté plus de 300 auditions auprès d'experts du monde entier. Il a été annoncé à l’occasion du sommet du sommet #AIforHumanity (IA pour l’humanité).
Parmi les pistes envisagées figure la création d'un "cloud souverain européen" qui pourrait s'appuyer sur le groupe français OVH et la création d'une agence publique sur le modèle de la DARPA américaine, qui fut à l'origine d'Internet.
La France devra rayonner au plan international. #AIforhumanity
Sur le mode de #MakeOurPlanetGreatAgain nous attirerons les meilleurs enseignants et projets de recherche pour faire de la France un lieu d'attractivité et d'excellence de la recherchehttps://t.co/e0O3E1TGek— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 29 mars 2018
L'objectif est de propulser la France parmi les champions de ce domaine où elle dispose d'un savoir théorique indéniable et de cerveaux recherchés, mais manque encore de groupes leaders.
Coup d'envoi de cette initiative, plusieurs géants internationaux ont annoncé mercredi soir l'implantation en France de grands centres de recherche en intelligence artificielle.
Effet Brexit et effet Trump
Le coréen Samsung va installer à Paris son troisième plus grand centre de recherche, fort à terme de plus de cent chercheurs, et le japonais Fujitsu y ouvrira son premier centre de dimension européenne. DeepMind, société créatrice d'AlphaGo, ouvrira en France son premier centre de recherche européen et Google va parrainer une chaire IA à Polytechnique. D'autres grands groupes devraient faire des annonces dans la journée.
Des décisions liées à l'attractivité retrouvée de la France, qui profite aussi du Brexit et d'un "effet Trump", selon l'Élysée. L'image améliorée de la France avait déjà été illustrée par le succès du sommet de Versailles "Choose France" de janvier, pour convaincre des grands groupes d'investir en France.
C'est aussi dans cet esprit que le président a reçu à dîner mercredi à l'Élysée une quinzaine des sommités mondiales du secteur, dont le Français Yann Le Cun (chef de l'IA chez Facebook), la Japonaise Noriko Araï, qui a conçu un robot capable de réussir un examen d'entrée à l'université et le Britannique Demis Hassabis, fondateur de DeepMind. Il a également reçu le DG de Samsung Young Sohn.
Lors de ce dîner, a expliqué à l'AFP Marie-Paule Cani, qui animera la nouvelle chaire Google/École Polytechnique, "une bonne partie" de la discussion a porté sur la meilleure manière d'accompagner les changements majeurs apportés par l'intelligence artificielle dans ses aspects éthiques, et comment rendre ces changements profitables à l'humanité dans son ensemble".
Malgré ces annonces, la France a beaucoup à faire pour rattraper le peloton de tête : États-Unis, Chine, Grande-Bretagne, Canada et Israël. Le rapport Villani met donc l'accent sur les efforts à faire pour garder dans l’Hexagone les cerveaux, en recommandant un doublement des salaires des chercheurs en début de carrière et un environnement de travail favorable.
La Rédaction avec AFP