Publié le 30 juillet 2020

GOUVERNANCE D'ENTREPRISE

EDF, Renault, Total… Les pertes abyssales des grands groupes français au premier semestre illustrent la gravité de la crise

Le premier semestre 2020 a mis à mal une partie des plus grands groupes français. L’arrêt de l’économie mondiale les a fait plonger dans le rouge. Jeudi 30 juillet, à l’occasion de l’annonce des résultats de mi-année, trois d’entre eux, EDF, Renault et Total, ont donné une idée de l’ampleur de la crise en cours et à venir. À elles trois, ces entreprises ont annoncé plus de 16 milliards d’euros de pertes. Une vraie épreuve de résilience se prépare pour l’économie.

Total siege
Déjà en difficulté avant la crise du Covid-19, Renault a enregistré la plus lourde perte de son histoire au premier semestre 2020.
@Renault

En six mois, EDF a enregistré une perte nette de 700 millions d'euros, contre un bénéfice net de 2,5 milliards au premier semestre de 2019. La pandémie de Covid-19 s'est traduite par une chute de la consommation d'électricité allant jusqu'à 20 % en France avec la mise à l'arrêt de pans entiers de l'économie. Elle a aussi désorganisé le planning industriel d'EDF, qui va pouvoir produire moins d'électricité nucléaire que prévu initialement.

EDF veut réduire ses charges opérationnelles de 500 millions d'euros entre 2019 et 2022 et engager pour environ 3 milliards de nouvelles cessions d'ici à 2022. "Nous allons réguler les effectifs du groupe en ne procédant pas au remplacement de tous les départs et en facilitant la mobilité des salariés vers les activités à plus fort potentiel pour ceux qui seraient dans des activités à plus faible potentiel", a-t-il expliqué.

D’autres impacts financiers sont attendus alors que la pandémie a aussi compliqué la tâche d'EDF sur le chantier, déjà plombé par de nombreux retards et surcoûts, du nouveau réacteur EPR en construction à Flamanville (Manche). "Toutes les activités de construction sur site ont été temporairement interrompues entre mi-mars et début mai, ce qui pourrait engendrer des délais et des coûts supplémentaires", prévient l’entreprise.

Une crise aggravée chez Renault

Du côté de Renault, la situation se complique. Son nouveau PDG, Luca de Mea, arrivé le 1er juillet dernier, doit prendre en charge la plus lourde perte du groupe à 7,3 milliards d'euros au premier semestre. "La crise sanitaire que nous vivons actuellement a fortement impacté les résultats du groupe sur le premier semestre et est venue s'ajouter à nos difficultés préexistantes", a expliqué la directrice générale adjointe Clotilde Delbos. Renault souffre de surcapacités de production au niveau mondial. Il a été particulièrement frappé par la chute du marché liée à la crise sanitaire.

Le constructeur a annoncé des dépréciations d'actifs pour 445 millions d'euros, afin de prendre en compte des "hypothèses de volume revues" à la baisse "pour certains véhicules", ainsi que des provisions pour charges de restructuration pour 166 millions d'euros "principalement liées au plan de départs anticipés en France". Le groupe avait annoncé, fin mai, 15 000 suppressions d'emplois (dont 4600 en France).

Double peine pour Total

Quant à Total, pour le seul deuxième trimestre, c’est une perte nette de 8,4 milliards de dollars qui a été annoncée, contre un bénéfice de 2,8 milliards un an plus tôt. Ce résultat inclut de lourdes dépréciations d'actifs pour 8,1 milliards de dollars. Cette réévaluation comptable, motivée par la déprime des cours mais aussi la dynamique de la transition énergétique, porte pour l'essentiel sur les sables bitumineux au Canada.

"Au cours du deuxième trimestre, le groupe fait face à des circonstances tout à fait exceptionnelles : la crise sanitaire du Covid-19 qui affecte l'économie mondiale et la crise des marchés pétroliers avec un prix du Brent en très forte baisse à 30 dollars du baril en moyenne, des prix du gaz historiquement faibles et des marges de raffinage très dégradées compte tenu de la chute de la demande", a commenté le PDG Patrick Pouyanné.

Les cours ont chuté à la suite de la pandémie du Covid-19, qui a quasiment mis à l'arrêt certaines activités comme le transport aérien. Les prix se sont depuis quelque peu repris avec un redémarrage de la demande et la limitation de la production de certains pays. Total juge que l'environnement reste toutefois "volatil" et confirme au passage sa volonté de réaliser des économies et de réduire ses investissements.

Ludovic Dupin avec AFP


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