Publié le 09 juin 2021
GOUVERNANCE D'ENTREPRISE
Danone : le conseil d'administration s'est "compromis" avec les actionnaires activistes, assure Emmanuel Faber
Ce n’est pas la première fois que l’ancien patron de Danone, Emmanuel Faber, prend la parole depuis son éviction en mars dernier. Mais jamais encore, il n’avait été aussi dur dans ses déclarations. Il n’hésite pas à parler de compromission et d’alliance contre-nature, lors d’une commission parlementaire. Il alerte aussi sur la capacité de défense de ce fleuron français.

@AN
Le conseil d'administration de Danone s'est "compromis" avec les fonds activistes, a affirmé mercredi 9 juin l'ex-PDG du groupe Emmanuel Faber. Il était interrogé par la Commission des Affaires économiques de l’Assemblé nationale. Selon l’ancien dirigeant, le conseil de l’entreprise n'est "pas en état aujourd'hui d'assurer la défense" de ce fleuron français. Une attaque violente envers ceux qui ont décidé de l’écarter de la gouvernance.
"Quand on s'est allié de cette façon, et compromis de cette façon, malheureusement je pense que ce conseil n'est pas en état aujourd'hui d'assurer la défense et la souveraineté de Danone", a-t-il expliqué. Au terme d'une fronde d'actionnaires combinée à des divisions internes, Emmanuel Faber avait d’abord perdu le titre de PDG pour devenir "seulement" Président. Il a ensuite été totalement remercié. Il a été remplacé à la présidence du conseil d'administration par Gilles Schnepp. Antoine de Saint-Affrique a été récemment nommé directeur général. Il prendra ses fonctions le 15 septembre.
Dysfonctionnement du conseil
Des fonds d'investissement reprochaient au groupe des performances insuffisantes, notamment en termes de rentabilité. Emmanuel Faber a encore contesté cette critique, évoquant un "faux sujet". "Les activistes sont venus en raison de dysfonctionnements du conseil. Ils en sont autant la conséquence qu'ils en sont la cause", a avancé l'ex-dirigeant, remarquant s'exprimer désormais "en tant que simple citoyen français".
"Certains activistes internes au conseil ont utilisé ces activistes actionnariaux à des fins qui leur étaient personnelles et qui ont abouti au résultat dont on ne voit que le début aujourd'hui, avec mon départ", a-t-il ajouté. Il juge même que des "visions d'arrière-garde" l'ont emporté. "Ce conseil, en tout cas certains de ces membres, mais collectivement finalement, a permis un jeu extrêmement malsain avec des activistes", a-t-il déclaré un peu plus tard.
"Quand on démarre un jeu comme celui-ci, c'est compliqué de l'arrêter", prévient-il. Selon Emmanuel Faber, la réforme du conseil est "très urgente". Il déplore une forme d'"entre-soi", il a plus généralement plaidé pour réformer le fonctionnement des conseils d'administration en France et en Europe, afin de "les doter d'une colonne vertébrale". Sollicité par l'AFP, le groupe Danone n'a pas réagi.
Ludovic Dupin avec AFP