Publié le 23 mars 2021
GOUVERNANCE D'ENTREPRISE
Fake news et complotisme : Reporters sans Frontières attaque Facebook pour "pratiques commerciales trompeuses"
Reporters sans Frontières s’attaque à Facebook sous un angle inédit. L’ONG sur la liberté de la presse a choisi d’accuser le réseau de "pratiques commerciales trompeuses". En effet, selon RSF, le réseau social assure lutter contre les fake news mais est l’un des plus grands pourvoyeurs de thèses complotistes.

Faire condamner Facebook, pour sa responsabilité dans la distribution massive de Fake news, c’est l’objectif de Reporter sans Frontières. L’ONG vient de déposer plainte contre le réseau social pour "pratiques commerciales trompeuses". La procédure vise Facebook France et Facebook Irlande où se situe le siège commercial du réseau pour des raisons fiscales ! L’angle d’attaque est intéressant. Il consiste à prendre la plateforme qui compte 38 millions d’abonnés en France au piège de ses propres engagements sur le contrôle des contenus diffusés.
Cette plainte s'appuie, selon l'organisation de défense de la liberté de la presse, sur "la contradiction manifeste entre les engagements du réseau social vis-à-vis des consommateurs et la réalité de son fonctionnement", ainsi que sur des "témoignages divers et des citations d'anciens salariés de l'entreprise". Christophe Deloire, le secrétaire général de RSF, explique la démarche sur France Inter : "Facebook se prévaut de lutter contre les fausses informations, les propos haineux, les contenus illégaux, mais pendant le Covid, il était le plus grand pourvoyeur de thèses complotistes".
Une stratégie d’audience
En se plaçant sur le terrain des pratiques commerciales, RSF lance un débat inédit et salutaire sur le modèle économique de Facebook et des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon ou Microsoft) en général. S’il diffuse massivement des contenus complotistes, liés au mouvement conspirationniste QAnon ou au film Hold-Up par exemple, c’est parce que cela amène des audiences importantes, synonymes de budgets publicitaires significatifs. La source de profit passe essentiellement sur le phénomène de propagation de Fake News. Ce n’est pas officiellement la stratégie mais en revanche elle est clairement intégrée au process.
Si la prolifération de ce type de messages n'est pas propre à la France, RSF explique avoir "fait le choix de déposer plainte en France, où le droit de la consommation est particulièrement adapté". Mais l'organisation ajoute que "les conditions de services de Facebook étant les mêmes partout sur la planète, une décision de justice en France sur leur caractère trompeur pourrait avoir un impact global", et dit étudier en outre "le dépôt de plaintes similaires dans d'autres pays".
Anne-Catherine Husson Traoré avec AFP