Publié le 24 novembre 2022
GOUVERNANCE D'ENTREPRISE
Découvrez le pire patron du monde, devant Jeff Bezos
Virer près de 800 personnes en moins de 30 secondes chrono, c'est la "prouesse" qu'a réalisée Peter Hebblethwaite, à la tête de P and O Ferries, une compagnie qui assure notamment des liaisons entre la France et le Royaume-Uni. Cela lui a valu le titre de "pire patron du monde" décerné par la Confédération syndicale internationale, succédant ainsi au directeur général de Ryanair Michael O'Leary (2018) et à Jeff Bezos, le patron d'Amazon (2014).

@CSI
Peter Hebblethwaite vient de remporter un titre dont il se serait bien passé, celui de "pire patron au monde", décerné lundi 21 novembre par la Confédération syndicale internationale, à l’issue d’un vote en ligne. Le patron de P&O Ferries, une société qui assure le transport de passagers et de marchandises entre le Royaume-Uni et la France, la Belgique, les Pays-Bas et l’Irlande, avait fait scandale en mars dernier, en virant près de 800 salariés par un simple message vidéo Zoom préenregistrée, sans préavis ou consultation préalable des syndicats. Cela constitue une violation du droit du travail britannique.
Footage obtained by BBC South East shows the moment P&O Ferries staff were informed they had lost their jobs. pic.twitter.com/dvRnptHfC9
— BBC South East (@bbcsoutheast) March 17, 2022
Interrogé par des législateurs, Peter Hebblethwaite a admis, sans vergogne, avoir enfreint la loi et a même déclaré qu’il serait prêt à le refaire. L’affaire est toujours en cours d’enquête et pourrait faire l’objet d’une action en justice. Elle avait créé la polémique outre-Manche, d’autant que la vidéo de 24 secondes avait été suivie d’une lettre envoyée aux salariés, dans laquelle Peter Hebblethwaite demandait aux marins virés sur le champ de "s’abstenir de tout commentaire public". Il y expliquait que l'entreprise perdait 100 millions de livres par an et que le nouveau modèle d'équipage réduirait les coûts d'équipage de 50 %. Sa maison-mère, le groupe DP World basé à Dubaï, réalisait pourtant quelques mois plus tard de gros bénéfices.
Les PDG de l’industrie des transports dans le collimateur des syndicats
"Peter Hebblethwaite avait déjà été élu le pire employeur en Europe par le Congrès de la Fédération européenne des travailleurs des transports en mai. Il avait dû abandonner une table ronde d’un événement de l’industrie aux États-Unis après avoir reçu une lettre du président de la Commission des transports et de l’infrastructure de la Chambre des Représentants. Les PDG dans l’industrie des transports ont été avertis : si vous ne défendez pas les droits des travailleurs et vous ne leur garantissez pas des emplois décents, des conditions de travail sûres, le respect et la dignité, le mouvement syndical international ne manquera pas de vous demander des compte", a prévenu Stephen Cotton, le secrétaire général de la Fédération internationale des ouvriers du transport.
Le patron des ferries britanniques a recueilli 39% des voix exprimées, devant son homologue américain d'Amazon Jeff Bezos (25%) et le PDG de la compagnie aérienne australienne Qantas, Alan Joyce (20%), a indiqué la confédération à l'AFP. Parmi les autres candidats retenus pour le titre de "pire patron de l'année", il y avait aussi Gina Rinehart à la tête du groupe minier australien Hancock Prospecting, Howard Schultz de Starbucks et Ahmed bin Saïd Al-Maktoum de la compagnie aérienne Emirates.
Au palmarès du "pire patron du monde", Peter Hebblethwaite succède au directeur général de Ryanair Michael O'Leary (2018) et à Jeff Bezos (2014). L'année prochaine, le titre pourrait bien être remis à Elon Musk, qui a lui aussi brillé par ses licenciements chocs lors du rachat de Twitter.
Concepcion Alvarez @conce1 avec AFP