Publié le 23 novembre 2017
GOUVERNANCE D'ENTREPRISE
"Kazakhgate" : le patron d'Airbus entendu comme témoin par les enquêteurs français
Les affaires s’accumulent pour le groupe Airbus. Déjà sous l’objet d’enquête en France, au Royaume-Uni et aux États-Unis, plusieurs dirigeants du géant de l’aéronautique ont été entendus, comme témoin, dans l’affaire du Kazakhgate. L’enquête porte entre autre sur la vente de 45 hélicoptères EC 145.

Le patron d'Airbus Tom Enders et des responsables de l'avionneur ont été entendus comme témoins en octobre dans l'enquête sur le "Kazakhgate", qui porte sur des soupçons de corruption en marge d'importants contrats conclus sous la présidence de Nicolas Sarkozy avec le Kazakhstan, a-t-on appris jeudi de source proche du dossier.
Tom Enders, deux autres hauts responsables d'Airbus Group et l'avocate Noëlle Lenoir ont été entendus courant octobre comme témoins par les policiers anticorruptions de l'Oclciff, à la demande des juges d'instruction du pôle financier de Paris, a précisé cette source, confirmant une information de France Inter et Mediapart.
En octobre 2010, la France et le Kazakhstan avaient annoncé un accord pour la fourniture de 45 hélicoptères EC 145 fabriqués par Eurocopter, filiale d'EADS devenue Airbus Helicopters, un centre de satellites d'Astrium (ex-EADS, devenu Airbus group) et 295 locomotives Alstom, pour un montant total de deux milliards d'euros.
Soupçons de commissions illégales
Dans cette enquête, ouverte en mars 2013, les juges cherchent à établir si la signature des contrats a donné lieu à des versements de commissions illégales à des intermédiaires. Une perquisition avait été menée en février 2016 au siège du groupe à Suresnes, près de Paris. À cette occasion, les enquêteurs ont découvert que "dans le cadre de la vente de deux satellites au Kazakhstan, en 2009, le groupe a versé 8,8 millions d'euros" sur un compte détenu à Singapour par une société offshore immatriculée à Hong Kong, affirme jeudi le site d'information Mediapart.
La justice soupçonne aussi une équipe proche de l'Élysée de s'être activée pour influencer des politiques en Belgique, dont Armand De Decker, l'ancien président du Sénat belge. Objectif : faire passer une loi en faveur de l'oligarque belgo-kazakh Patokh Chodiev et de deux de ses associés pour qu'ils échappent à une condamnation en Belgique. En échange, Patokh Chodiev devait jouer de son influence à Astana pour aider la France à décrocher des contrats commerciaux.
Plusieurs personnes ont été mises en examen, notamment pour corruption d'agent public étranger : l'ancien préfet et ex-conseiller à l'Élisez, Jean-François Étienne des Rosaies, l'ex-sénateur UDI Aymeri de Montesquiou, et l'ancienne avocate de Patokh Chodiev, Catherine Degoul.
La confiance des clients
Le groupe Airbus affronte depuis plusieurs mois des turbulences en raison notamment d'une vaste enquête franco-britannique menée par le parquet national financier (PNF) et le Serious fraud Office (SFO) en lien avec des ventes d'avions civils.
Mais, pour l’heure, ces affaires judiciaires, qui pourraient mettre en jeu l’avenir du groupe selon certains observateurs, sont loin de troubler la confiance des compagnies aériennes. Mi-novembre, à l’occasion du salon de Dubaï, Airbus décroché le plus important contrat dans l’histoire du secteur aérien : la vente de 430 A320 Neo pour 42 milliards d’euros.
La rédaction avec AFP