Publié le 19 février 2019
FINANCE DURABLE
Pour mieux flécher les investissements verts, France Stratégie propose de doubler l'objectif 2030 de la valeur du carbone
France Stratégie, préconise dans un rapport publié lundi 18 février de plus que doubler l'objectif pour 2030 de la "valeur tutélaire" de la tonne de carbone. Ce référentiel permet d'évaluer les investissements et les décisions publiques pour dégager les actions prioritaires de réduction de CO2.

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Doubler la valeur cible de la tonne de carbone à horizon 2030, c’est ce que recommande France Stratégie, un organisme de réflexion rattaché à Matignon. Dans un rapport, il propose un prix cible de 250 euros la tonne de CO2 en 2030. Plus du double de ce qui était préconisé initialement (100 euros), dans un premier rapport paru en 2008.
Concrètement, cela signifie que "toute action permettant de réduire les émissions en ayant un coût inférieur à 250 euros par tonne de CO2 fait sens pour la collectivité et doit donc être entreprise", indique France Stratégie dans un dossier de presse.
Un tel indicateur est nécessaire car "le marché ne valorise pas spontanément les actions de lutte contre le réchauffement climatique" a expliqué à l'AFP Alain Quinet, le président de la commission ayant rédigé le rapport. Cela "permet de donner une valeur à chaque tonne de CO2 évitée", a-t-il ajouté. Tout en précisant que cela n'avait rien à voir avec le montant potentiel de la taxe carbone à l'horizon 2030. La taxe carbone n'est en effet qu'un des moyens parmi d’autres pour répercuter cette valeur dans l’économie (ex: subventions, réglementations ou autres taxes...) mais les deux ne sont pas automatiquement liés.
Rendre l'investissement dans les technologies bas carbone rentable
La précision a son importance car la hausse de la taxe carbone pour 2019 a été le détonateur du mouvement des "gilets jaunes". Pour répondre au "ras-le-bol fiscal", le gouvernement avait alors suspendu son augmentation cette année, tout en restant flou pour 2020 et au-delà. La semaine dernière, Emmanuel Macron et Édouard Philippe, au diapason, ont une nouvelle fois exclu une hausse de la taxe carbone dans l'immédiat. A l’inverse, des partisans de cet "outil efficace", ministres ou députés, proposent d'en discuter dans le "grand débat".
Le net relèvement de la valeur cible du carbone à horizon 2030 reflète "la nécessité d'investir durablement dans les technologies bas carbone et le coût de ces technologies", précise le rapport.
Pour respecter ses engagements contre le réchauffement climatique pris lors de l’Accord de Paris, "la France doit sensiblement accentuer ses efforts. Or elle a pris un retard important sur la trajectoire qu'elle devrait suivre pour atteindre l'objectif de neutralité carbone" en 2050, a souligné Gilles de Margerie, le commissaire général de France Stratégie, dans l'avant-propos du rapport.
La rédaction avec AFP