Publié le 17 novembre 2023
FINANCE DURABLE
Parler finance durable aux épargnants reste un défi à l’heure où les banques sont interpelées sur le climat
"Épargnons l’avenir", c’est le titre d’une campagne de l’Ademe et d’un évènement organisé le 14 novembre avec le Forum pour l’Investissement Responsable (FIR). Elle vise à mobiliser la finance sur la transition écologique via l’épargne des Français. C’est clef dans un contexte d’interpellation des banques sur le climat, à l’image de la lettre ouverte à BNP Paribas signée par 1 240 étudiants pour l’inciter à renoncer aux énergies fossiles.

@ACHT
"Nous avons lancé la campagne 'Épargnons l’avenir' parce que nous considérons que la finance verte et la mobilisation de l'épargne font partie des outils les plus puissants pour faire la transition écologique", explique le nouveau président de l'Ademe, Sylvain Waserman, en ouverture de la journée de débats dédiée à la finance durable pour les épargnants. L’agence environnementale propose un guide pédagogique assorti de courtes vidéos expliquant le rôle de l’épargne sur la transition et donnant des conseils pour demander à son conseiller financier des produits de placements sur des critères environnementaux et sociaux.
Un des outils mis en avant par l’Ademe est l’application Rift, qui propose à ses 80 000 utilisateurs de mieux connaître l’impact écologique de leur épargne. Eva Sadoun, co-fondatrice de la plateforme d’investissement à impact Lita, a lancé ce projet pour qu’il devienne le "yuka de la finance", c’est-à-dire un outil qui permette de tout savoir sur la destination de son épargne en rentrant ses données financières. Invitée à témoigner le 14 novembre, elle rappelait que dans le domaine alimentaire, il existe des étiquettes nutritionnelles qui permettent de savoir quelle est la composition des produits. En finance en revanche, c’est encore la grande opacité.
"Il y a un tel niveau d’intermédiation dans l’épargne qu’un individu n’a aucune facilité pour obtenir de la traçabilité et mesurer son pouvoir de transformation", affirme Eva Sadoun. Elle ajoute : "5 % seulement des épargnants savent précisément ce sur quoi est investi leur argent, c’est vraiment très peu. Les gens sont confrontés à un jargon élitiste qui masque en fait des pratiques relativement simples." Rift travaille avec une cinquantaine d’institutions financières et a référencé 16 000 produits financiers dont il évalue l’empreinte carbone.
BNP Paribas interpelée sur les énergies fossiles
Reprendre le pouvoir sur son argent et trouver les produits qui répondent à ses attentes, c’est aussi la proposition de "My Fair Money" qui suggère de dresser son profil durable grâce à un questionnaire pour mieux préparer son entretien avec son conseiller financier. Réorienter l’épargne est indispensable pour contribuer à la transformation écologique mais le mouvement reste bien lent pour certains.
D’autres piaffent d’impatience et voudraient accélérer l’exclusion des énergies fossiles par le secteur financier. C’est le cas des 1 240 étudiants, issus d’universités et de grandes écoles, signataires d’une lettre ouverte à BNP Paribas titrée "Nous, étudiants et étudiantes, ne travaillerons pas pour BNP Paribas tant qu’elle financera le développement des énergies fossiles" et publiée par l’Obs. Elle a fait le tour des réseaux sociaux.
#Tribune « Nous, étudiants & étudiantes, ne travaillerons pas pour #BNPParibas tant qu’elle financera le développement des énergies fossiles »
Le choix de notre activité professionnelle reflète notre #engagement, la jeunesse l'a bien compris !https://t.co/CZIfnrtHaQ via @LObs— Les Canaux (@Les_Canaux) November 15, 2023
BNP Paribas a utilisé le même moyen de communication pour leur répondre. Son directeur de l’engagement, Antoine Sire, a publié le lendemain, toujours dans l’Obs, une tribune titrée "Contrairement à certaines idées reçues, BNP Paribas a déjà tourné la page des énergies fossiles". Ce dialogue par tribune interposée témoigne de la difficulté pour le simple client d’une banque de comprendre la sincérité des engagements qui lui sont proposés. D’où l’utilité des outils mis en valeur par l’Ademe et le FIR pour repérer l’offre durable la plus crédible.
Anne-Catherine Husson-Traore, directrice des publications de Novethic