Publié le 29 mai 2017
FINANCE DURABLE
Mise sous pression par son gouvernement, la finance allemande se met (un peu) au vert
Deutsche Börse, l’opérateur de la place de Francfort, a présenté mardi 24 mai une initiative pour promouvoir la finance verte auprès des acteurs financiers allemands. Présentée sous la forme d’un engagement volontaire, elle entend soutenir l’action du gouvernement allemand qui veut placer la finance verte en haut de l’agenda du G20 en juillet prochain à Hambourg.

@Deutsche Börse
"Il était temps que la place financière de Francfort s’engage dans la finance responsable", s’exclame Günther Bräunig, qui dirige le secteur des marchés financiers et la gestion des actifs à la KfW (banque publique d’investissement).
Mardi 23 mai, Carsten Kengeter, PDG de la Deutsche Börse, a présenté la "Frankfurter Erklärung", "la déclaration de Francfort" en Français. Michael Meister, secrétaire d’Etat au ministère des Finances, étaient présents en personne pour appuyer la démarche.
Retard allemand
Cette initiative est ouverte à tous les acteurs qui veulent soutenir la finance responsable, qu’ils soient financiers ou issus de la société civile. A ce jour, la déclaration a été signée par 37 institutions dont Allianz, la Société Générale, la Commerzbank, Union Investment ou encore la WWF. Moins d’une dizaine sont des purs gestionnaires d’actifs allemands. Un ratio qui est très représentatif de la situation outre-Rhin. Si le mot "retard" n’a jamais été prononcé, les intervenants ont tous souligné la nécessité d’"accélérer" l’engagement des acteurs financiers allemands dans la finance responsable.
Et tout reste à faire. "Pour le moment, aucun contenu n’a encore été fixé. Il le sera dans le cadre de groupes de travail", poursuit le PDG de la Deutsche Börse mais aucun n’a encore été mis sur pied, aucune priorité n’a été définie, aucun instrument financier identifié… Interrogé par la presse, les organisateurs confessent qu’aucune date n’a été fixée pour la première réunion de travail. Il n’est même pas sûr que cela se fasse avant le G20 début juillet à Hambourg.
Dommage que cette feuille de route reste floue alors que la chancelière Angela Merkel et son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, ont justement placé la finance verte en haut de l’agenda du G20. "A l’instar de ce qu’a été la COP21 pour la finance climat en France, la tenue du G20 en Allemagne devrait permettre d’accélérer la présence des investisseurs allemands dans le secteur de la finance verte", résume Günther Bräunig, de KfW.
Vigilance du gouvernement allemand
Il illustre son propos en comparant le volume d’émission des Green Bonds en France et en Allemagne : la France atteint un volume de 31,3 milliards de dollars, contre 17,7 milliards en Allemagne, selon la KfW, dans son rapport "German Green Bonds Report" publié en mai 2017.
Le secrétaire d’Etat Michael Meister tape du poing sur la table et prévient: "Nous espérons que le secteur de la finance prendra la finance verte suffisamment au sérieux pour ne pas la laisser cantonnée à leurs services des relations publiques".
Francfort vient d’ajouter à une liste déjà riche de places financières, comme Paris, Londres et Luxembourg, qui font de de la finance verte un atout concurrentiel clé. Paris entend prendre une place déterminante dans cette compétition et va annoncer sous quelle marque le 13 juin prochain.
Claire Stam, correspondante en Allemagne @stam_claire