Publié le 06 septembre 2018
FINANCE DURABLE
Les ODD, nouveau cadre de référence pour évaluer les impacts de la finance durable
Après le carbone, les investisseurs sont de plus en plus désireux d’utiliser les Objectifs de Développent Durable (ODD) comme la référence de l’impact environnemental et social de leurs démarches d’investissement responsable. Pour cela, les agences de notation s’adaptent et commencent à développer des méthodologies spécifiques. Une nouvelle logique d’analyse ESG dont Novethic analyse la portée et les limites dans sa nouvelle étude publiée ce 6 septembre.

@UN
Après l’empreinte carbone des portefeuilles qui s’est développée massivement depuis 2015, on assiste à un nouveau phénomène : l’utilisation des Objectifs de Développement Durable (ODD) comme cadre de reporting pour les investisseurs responsables. Il s’agit pour l’essentiel, à ce stade, de fonds de pension nord-européens mais le mouvement gagne du terrain. Le fonds suédois AP 2 publie par exemple un tableau dans son rapport développement durable qui explique sa contribution aux ODD 2,4,5, 7 et 11. Sur le l’objectif numéro 2 qui concerne la lutte contre la faim dans le monde, il décrit les cibles et précise investir 2,5 % de ses actifs dans les terres agricoles.
Pour répondre à cette nouvelle demande d’investisseurs, les agences de notation développent une offre de notation ODD décrite pour la première fois de façon synthétique dans une étude publiée par Novethic le 6 septembre. Cela leur demande un gros travail méthodologique qui conduit à des ratings complexes à mettre en œuvre. Les 17 ODD ont un spectre large et couvrent 169 cibles. Il faut donc évaluer la part d’activités des entreprises qui contribuent positivement à un ou plusieurs de ces ODD mais aussi évaluer quelle autre part de ces activités constitue un obstacle sur leur trajectoire.
Risque d’ « ODD-washing »
Le premier problème pour les agences est de placer ce curseur ODD pour chaque entreprise. Cela est rendu d'autant plus difficile par le fait que des dernières fournissent encore très peu de données pertinentes. Les reporting ESG ne sont pas calqués sur les ODD. Ils sont élaborés sur des données passées fournies par l’entreprise. Or les reporting sur les ODD qui doivent être atteints en 2030, supposent une vision prospective et stratégique, à l’image des politiques climat axées sur l’objectif de 2 degrés de l’Accord de Paris. Les correspondances entre les deux types de reporting sont donc encore très rares.
Autre difficulté : chaque agence fait sa sélection dans les ODD et définit un référentiel qui lui est propre. On s’oriente donc vers une grande difficulté à comparer les notations ODD ce qui complique la tâche des investisseurs. Pour tenter d’harmoniser les démarches, le Global Compact et la GRI ont fait cause commune. Les deux organisations ont publié, en août 2018, un guide de reporting et lancé une plateforme d’échanges de bonnes pratiques. Pour l’instant seules une quarantaine d’entreprises l’expérimentent.
Le chemin pour faire des ODD des indicateurs d’impact environnemental et social homogènes et généralisés est encore long. En attendant, il existe un risque d’"ODD-washing".
Anne-Catherine Husson-Traore @AC_HT_, directrice générale de Novethic