Publié le 22 juillet 2021
FINANCE DURABLE
Le jour où les citoyens ont imposé les monnaies locales en Europe
Dans les années 2020, les citoyens ont décidé de reprendre en main la finance, en se réappropriant leur monnaie. Les systèmes de paiement locaux se sont multipliés, puis généralisés, au point qu’en 2033, les banques centrales ont décidé d’intervenir pour valider et régulariser les monnaies locales. Dans les années à venir, le monde va changer, Novethic vous propose d'imaginer ces "jours où" nos modèles vont basculer.

@CCO
C’était la première fois qu’une décision de politique monétaire était accueillie sous les hourras de la foule ! Un jour de novembre 2033, le conseil des gouverneurs des banques centrales européennes s’est réuni comme à l’accoutumée pour travailler sur la politique monétaire européenne. Ce jour-là pourtant, les gouverneurs ont décidé de charger la Banque centrale européenne (BCE) de travailler sur la parité entre l’euro et les quelques centaines de monnaies locales existantes dans les pays de la zone euro. Un travail de titans que les banquiers centraux ont décidé d’entreprendre sous la pression populaire, peu après que la Fed, la banque centrale américaine, ait décidé de faire de même pour le dollar.
À partir de 2027, après la crise financière des produits dérivés qui a fait perdre toute confiance des citoyens dans les marchés, les monnaies locales ont commencé à se multiplier. Plus que le soutien aux circuits courts et aux productions du territoire, les citoyens y ont vu le moyen de se réapproprier la finance, devenue trop complexe, trop déconnectée de la vie quotidienne... Amérique, Europe, Asie, les citoyens se sont réunis pour lancer une nouvelle forme de paiement, qui ne soit pas spéculative comme pouvait l’être le bitcoin. Pour faire ses courses, payer son loyer, sortir au restaurant ou accéder à des services courants, le recours aux monnaies locales a fini par se déployer de plus en plus rapidement.
De nouveaux services locaux
Peu à peu, les services se sont aussi développés autour de ces monnaies. Plus proches du troc au départ, des startups ont proposé des outils d’épargne durable permettant de financer les entreprises locales. Au point qu’une ingénieuse fintech spécialisée dans la blockchain s’est lancée dans la création d’un système dédié à l’échange entre monnaies locales, la blockchain permettant de certifier la provenance et la valorisation des monnaies. C’est à ce moment-là que les autorités de réglementation financière ont commencé à lever les sourcils. Le système commençait à ressembler de trop près à un système monétaire parallèle…
Plutôt que d’interdire, pourtant, la coopération a prévalu. Face au mouvement citoyen, les banquiers centraux et leurs autorités de supervision, après s’être longtemps interrogés sur la légitimité de ces systèmes proches du troc, ont décidé de tenter d’articuler les devises nationales avec ces systèmes locaux.
Tout reste à faire. De nombreux groupes de travail seront créés entre les très nombreux représentants des monnaies locales, qui voudront à tout prix défendre la simplicité et la proximité avec l’économie réelle de leurs monnaies, et ceux des superviseurs, qui veulent s’assurer que ces monnaies ne servent pas à des activités illégales.
Arnaud Dumas, @ADumas5