Publié le 28 mai 2021
FINANCE DURABLE
La place financière de Londres finance deux fois plus d'émissions de CO2 que l’ensemble du Royaume-Uni en émet
Les émissions de CO2 liées à des projets financés par les banques et gestionnaires d'actifs au Royaume-Uni représentent près du double de celles rejetées par le pays, affirment le WWF et Greenpeace. Ces données sont issues d’une étude parue le 25 mai portant sur des établissements financiers de la City. Les deux ONG appellent Londres et le secteur à faire plus d’efforts alors que le pays doit accueillir la COP26 sur le climat dans quelques mois.

@IR_Stone
"Le secteur financier va jouer un rôle vital dans le fait de déterminer si le monde va réussir la transition vers une économie faiblement carbonée durable", souligne une étude publiée par WWF et Greenpeace. Or, "à ce jour, ni le gouvernement ni aucun régulateur n'ont pris de mesures adéquates pour s'attaquer au problème des émissions mondiales financées par les institutions financières privées au Royaume-Uni et s'assurer qu'elles alignent leurs activités sur les ambitions" du pays, à savoir la neutralité carbone d'ici 2050, ajoute-t-elle.
C’est ce que dénoncent les deux ONG dans leur étude. Elles expliquent : "Nos résultats montrent que les émissions de CO2 associées aux sociétés financières analysées s'élèvent à 805 millions de tonnes", avec un peu plus de la moitié pour les banques, le reste pour les gestionnaires d'actifs, d'après leurs données publiées à partir de 2019, précisent le WWF et Greenpeace.
Cela représente "presque 1,8 fois les émissions produites à l'intérieur du Royaume-Uni", détaille l'étude. C'est plus que les émissions de l'Allemagne et du Canada, relèvent les ONG, et un peu moins que celles de l'Iran, 8ème pays le plus émetteur de CO2 de la planète. L'étude porte sur 15 banques et 10 gestionnaires d'actifs qui sont présents au Royaume-Uni mais qui ne sont pas tous des institutions britanniques.
La place financière s’engage
L'étude n'inclut pas les assurances et dit donc sous-évaluer largement l'empreinte carbone de la finance britannique qui devrait, selon elle, être considérée comme un secteur à fortes émissions de carbone à l'instar des secteurs pétrolier, minier ou aérien. "Au lieu de cela certaines banques et institutions financières prennent des engagements volontaires de réduire leurs émissions de CO2, dont beaucoup se sont révélées relever du greenwashing" et sont insuffisantes, poursuit l'étude.
"Prévoir une transition vers la neutralité carbone sans tenir compte du secteur financier est comme mettre un pansement à un patient qui a besoin d'une opération à cœur ouvert", fait valoir Tanya Steele, directrice exécutive du WWF. Elle appelle le gouvernement britannique à "montrer la voie" à l'heure où il organise pour novembre à Glasgow la prochaine grande réunion environnementale internationale, la COP26, en exigeant des "institutions financières d'avoir un plan pour parvenir à la neutralité carbone incluant leurs investissements".
L’association professionnelle du secteur financier, réagit : "les établissements de prêts prennent leurs responsabilités envers la société très au sérieux et, aux côtés du gouvernement et de la Banque d'Angleterre, jouent un rôle prédominant dans la transition vers une finance à l'impact carbone neutre". Cité par l’AFP, un porte-parole rappelle que de grands acteurs de la finance ont affiché leur ambition d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, formant la Net Zero Banking Alliance, présidée par l'ex-gouverneur de la Banque d'Angleterre Mark Carney, devenu envoyé spécial de l'ONU pour le climat et l'un des organisateurs de la COP26.
Ludovic Dupin avec AFP