Publié le 02 mars 2015
FINANCE DURABLE
Investissement responsable : une forte progression, dopée par l'Amérique du Nord et l'Europe
L'investissement responsable a le vent en poupe : c'est ce que met en évidence l'étude publiée le 24 février 2015 par la GSIA (Global Sustainable Investment Alliance), qui réunit les principaux forums mondiaux pour l’investissement responsable. Et si les pratiques en matière d'ISR diffèrent encore beaucoup selon les pays, un courant de responsabilisation globale et des règlementations innovantes tendent à confirmer une mutation durable, comme le met en évidence notre infographie publiée à la fin de ce décryptage.

GSIA
L’investissement responsable gagne du terrain : il a pris un poids significatif en Europe, aux États-Unis, au Canada et en Australie, mais progresse en Asie, dans une moindre mesure. C’est ce qu’a annoncé la GSIA (Alliance Globale pour l’Investissement Responsable) le 24 février 2015, par l’intermédiaire de tous les forums d’investissement responsable qui en sont membres. Parmi ces forums, on peut mentionner Eurosif (forum européen pour l’investissement responsable), ou ses homologues asiatique (ASria) et américain (US SIF). Ces organisations produisent des données sur l'investissement depuis 2012, lesquelles sont collectées par la GSIA.
La seconde édition de l'étude permet de mesurer la montée en puissance de l’investissement responsable, qui a fait un bond de 61 % en seulement deux ans, passant de 13 300 milliards de dollars en 2012 à 21 400 milliards de dollars en 2014. Ces actifs, gérés en intégrant des critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) représentent aujourd'hui jusqu’à un tiers du total des actifs gérés par des professionnels, dans les régions couvertes par l’alliance.
Des pratiques d'investissement responsable en hausse, mais inégales
Mais ce développement est loin d’être homogène : l’Europe et l’Amérique du Nord sont de loin les deux principaux foyers en matière d'investissement responsable, puisque ces deux continents représentent 99 % de l’investissement responsable mondial, les États-Unis puis le Canada ayant connu les croissances les plus rapides, l’Europe arrivant en troisième position.
Par ailleurs, si l’investissement responsable affiche un développement global, les pratiques varient encore selon les pays et le type d'investisseurs. Leur dénominateur commun ? L’exclusion de secteurs ou d’entreprises controversés. C’est la pratique dominante en Europe, mais elle concerne également près de 14 400 milliards de dollars dans le monde. Depuis quelques mois, le mouvement de désinvestissement sur les énergies fossiles lui donne en outre une nouvelle impulsion.
Autre pratique qui a le vent en poupe : l’intégration de facteurs ESG dans la gestion financière, qui s'est considérablement développée et concerne maintenant près de 13 000 milliards de dollars. Aux États-Unis notamment, elle a augmenté de 76 % entre 2012 et 2014, pour devenir la pratique phare des investisseurs responsables américains.
Moins déployé pour l'instant mais cependant prometteur, on trouve l’engagement actionnarial auprès des entreprises : il ne couvre certes "que" 7 000 milliards de dollars, et il est majoritairement pratiqué au Canada, mais les pays d’Europe qui s’éveillent à l’investissement responsable, comme l’Italie, l’Allemagne ou la Belgique, commencent à s'y intéresser.
Enfin, l’étude souligne que l’impact investing, qui finance des activités apportant des solutions à des problèmes sociaux et environnementaux, se développe de façon "enthousiasmante". Sa déclinaison française - la finance solidaire - a de fait augmenté de 28,3 % entre 2012 et 2013, pour dépasser les 6 milliards d’euros.
Forte demande des investisseurs et règlementations en mouvement
Comment expliquer cette progression ? Tout simplement par une demande croissante des investisseurs : "Les citoyens commencent à prendre conscience que leur épargne peut contribuer à bâtir une économie et une société plus solide et plus durable", analyse Simon O’Connor, directeur du Forum pour l’investissement responsable australien. "Cela coïncide avec l’explosion de leur besoin de constituer des réserves pour leur retraite. Nous pensons que cette double tendance constituera un axe fort du développement de l’investissement responsable dans tous les marchés, d’autant plus qu’il permet de pousser de meilleures pratiques de gestion financière", précise-t-il.
L’investissement responsable prendra également de l'ampleur partout où il sera encouragé par des évolutions de régulation et de politiques publiques. L'étude de la GSIA souligne d'ailleurs que ces changements sont en cours dans de nombreux pays. En France, l’adoption récente dans la loi Macron d’un amendement obligeant les investisseurs institutionnels à faire du reporting sur leur intégration de critères ESG dans leurs stratégies d’investissements illustre bien cette tendance.
Le centre de recherche de Novethic publiera quant à lui en mai 2015 les chiffres de l’investissement responsable pour 2014. Établis pour la première fois en partenariat avec le Forum pour l’investissement responsable français (FIR), ils permettront de savoir si la France s’inscrit ou non dans ces tendances mondiales.