Publié le 31 janvier 2019
FINANCE DURABLE
Financement participatif : les prêts boostent le marché, les dons et les investissements en perte de vitesse
Le financement participatif continue de faire des adeptes. En 2018, 400 millions d’euros, collectés auprès de citoyens, ont permis de soutenir des petites et moyennes entreprises, notamment dans l’immobilier et les renouvelables. Le report de l’investissement vers le prêt traduit une meilleure acculturation des particuliers à cette finance sans intermédiaire.

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En 2018, le financement participatif a poursuivi sa lancée, avec une croissance de 20 % sur un an et un peu plus de 400 millions d’euros collectés en France, selon le dernier baromètre du crowdfunding dressé par KPMG et Financement Participatif France. Cet argent en provenance des particuliers a principalement servi à soutenir les TPE/PME, à hauteur de 294 millions d’euros, notamment dans le secteur de l’immobilier, du commerce, du numérique mais aussi des énergies renouvelables.
Les plateformes de prêt, telles que Lendopolis, Wiseed, Lita ou encore BlueBees, ont à elles seules tiré la croissance du marché, avec des fonds collectés en hausse de 40 % entre 2017 et 2018. Le montant des dons est en revanche en baisse de 2 %, le secteur ayant atteint un point de maturité et nécessitant d’innover. Les investissements sont également en chute libre de 19 % sur un an.
Comportement avisé des particuliers
"La croissance toujours à deux chiffres du crowdfunding est le signe d’une vraie maturité du marché, analyse Stéphanie Savel, présidente de Financement Participatif France. Du côté des financeurs particuliers, il est très intéressant de noter que ceux-ci opèrent eux-mêmes des arbitrages et diversifient leurs placements sur des produits plus courts, moins risqués. On constate ainsi un report de l’investissement vers le prêt. La suppression des incitations fiscales liées à l’ISF n’explique pas tout. Là encore, c’est le signe d’un comportement avisé des particuliers."
L’an dernier, 33 381 projets ont été financés au total, en hausse de 38 % par rapport à 2017. Pour la majorité des plateformes étudiées, le taux de rendement interne (net de défaut) se situe entre 4 et 6 % pour les prêts rémunérés et les minibons (titres de dettes spécifiques au financement participatif), et entre 8 et 10 % pour les obligations, selon les observations du baromètre.
En novembre dernier, le magazine UFC-Que choisir avait alerté sur les dérives du financement participatif, et pointait une explosion du défaut de remboursement des entreprises financées de plus de 120 % depuis février 2017. Selon l’association, près d’une entreprise financée sur dix (9,5 %) ne rembourse plus ses échéances, abaissant le rendement annuel net à 0,69 %.
Concepcion Alvarez, @conce1