Publié le 24 décembre 2020

FINANCE DURABLE

[Anticipation] Et si les marchés financiers tournaient complétement le dos aux énergies fossiles

Nous sommes en 2030. Il est loin le temps où les grandes majors pétrolières faisaient la pluie et le beau temps sur les marchés financiers. Aujourd’hui, ce sont les entreprises du numérique qui ont pris la main et trustent les indices boursiers, pour le meilleur et pour le pire… En cette période de fêtes, Novethic vous propose une série de récits prospectifs inspirés de cette année pas comme les autres.

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En 2030, les entreprises du numérique ont supplanté les valeurs pétrolières dans les indices boursiers.
@AFP BryanRSmith

Année 2020. Les grandes majors internationales enregistraient tour à tour des baisses de la valeur de leur champs pétroliers. Quelques années plus tard, le gaz sombrait à son tour. Le prix des énergies fossiles, que les producteurs maintenaient jusqu’alors tant bien que mal en faisant varier leur production, a atteint en l’espace de quelques années un niveau plancher faisant capoter un à un les projets d’extraction.

ExxonMobil, BP, Chevron, Total, Shell… les anciens géants qui faisaient la pluie et le beau temps sur les marchés financiers ont rapidement perdu de leur superbe. Il est loin le temps des limousines et des gros cigares à Dallas, capitale du pétrole américain ! En 2030, le pétrole est relégué dans les tréfonds des indices boursiers. Le CAC 40 n’aime plus Total, le S&P 500 a oublié Exxon.

Le numérique domine

Les énergies renouvelables n’ont pas pour autant pris leur place. C’est pourtant bien la baisse du coût de l’éolien ou du solaire qui a petit à petit entaillé le règne du roi pétrole. La demande s’est tout naturellement orientée vers des énergies plus propres, certes, mais surtout plus accessibles et dont l’exploitation est plus rentable.

En 2030, ce sont en fait les valeurs de la tech qui ont définitivement pris le dessus. Comme le pétrole en son temps, le numérique s’est progressivement diffusé dans toutes les sphères de l’économie. Pas une entreprise ne peut fonctionner sans devoir faire appel à ces technologies. Logiquement, la bourse a suivi et placé des entreprises comme Alphabet, des réseaux sociaux comme Facebook, au cœur de leurs indices phares.

En 2020 déjà, elles montraient les muscles. Alors que le monde affrontait ce que l’on appelle aujourd’hui la "Grande Pandémie", la capitalisation boursière des entreprises de la tech, c’est-à-dire la valeur que les investisseurs sur les marchés financiers leur attribuent, dépassait celle de toutes les entreprises cotées réunies. Les GAFAM d’alors (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) cumulaient une valorisation de plus de 5000 milliards de dollars, plus que les 120 entreprises françaises composant le SBF 120 !

Le monde respire mieux

Dix ans plus tard, les GAFAM ont changé, certains ont été démantelés pour mettre fin au risque monopolistique, et d’autres sociétés innovantes ont émergé. Mais c’est bien la technologie numérique qui domine et non plus le fossile. Mais si un hacker solitaire décide de s’en prendre au serveur d’une pépite de la tech, rien ne va plus ! Les traders s’affolent, les indices dégringolent et les gouvernements enchaînent les déclarations. La cybercriminalité est surveillée comme le lait sur le feu par tous les milieux financiers.

Cette transformation profonde de notre économie a-t-elle été bénéfique ? Le monde respire mieux, les émissions de gaz à effet de serre ont fini par baisser, mais le risque a, juste, changé de nature. Le climat est (un peu) moins menacé par les mastodontes de la technologie qui, au contraire des majors pétrolières, ont rapidement pris des engagements en faveur de la neutralité carbone.

Aujourd’hui, les activistes harcèlent les valeurs de la tech sur le respect des droits humains et sur le risque pesant sur les inégalités sociales. Les ONG ne s’aspergent plus d’or noir pour dénoncer les méfaits climatiques et environnementaux des groupes pétroliers. C’est devant les data centers qu’elles manifestent, nouveaux symboles de la concentration des richesses et du savoir.

Arnaud Dumas, @ADumas5


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