Publié le 30 novembre 2015

FINANCE DURABLE
COP21 : coup d’envoi de la mobilisation des acteurs du monde financier
Ils ne veulent plus se tenir à l’écart. Au contraire, les acteurs financiers jouent un rôle de plus en plus important dans la lutte contre le réchauffement climatique. Pour preuve, le nombre d’événements prévus autour de la finance tout au long de la COP21. Et les engagements de plus en plus nombreux en faveur du climat.

Eric Piermont / AFP
Lundi après-midi était donné le coup d’envoi de la mobilisation des acteurs de la finance avec une table ronde de haut niveau organisée à l’Assemblée nationale en présence de Pierre Moscovici, commissaire européen aux affaires économiques financières, Irving Mintzer, conseiller du secrétaire général de l’ONU sur la question de la finance et du climat, ou encore François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France.
Pour rester sous un scénario de réchauffement global de 2°C d’ici la fin du siècle, "la finance est un rouage essentiel", a répété Jean Pisani-Ferry, commissaire général de France Stratégie, en introduction de l’événement. Les acteurs de la finance sont ainsi appelés à se mobiliser sur deux axes : la mobilisation de milliers de milliards de dollars pour financer la transition énergétique, d’une part, et la mesure du risque climatique que l’on appelle risque carbone d’autre part.
Le risque climat intégré dans les stress tests bancaires
Ce lundi, à l’Assemblée, il a surtout été question du second volet. Très attendu sur le sujet, après le discours engagé de Mark Carney, son homologue de la Banque d’Angleterre, François Villeroy de Galhau, ancien N°2 de BNP Paribas et gouverneur de la Banque de France depuis le début du mois, a déclaré que le risque climatique serait intégré dans les stress tests bancaires. "Au sein du conseil de stabilité financière du G20, nous sommes en train de travailler sur une méthodologie qui devrait aboutir d’ici un an. La première étape est de construire un cadre pertinent et fiable pour permettre aux acteurs financiers de mesurer le risque carbone." En revanche, sur le financement de la transition énergétique, le gouverneur de la Banque de France a été clair. "Ce n’est pas le rôle des banques centrales."
Le 29 septembre dernier, Mark Carney, également président du conseil de stabilité financière du G20 avait présenté un rapport qui reconnaissait explicitement l’existence d’un risque carbone lié au changement climatique et avait alors pointé trois risques : physique, de responsabilité et financier. "Le changement de valorisation des actifs financiers intensifs en carbone pourraient devenir des actifs échoués (ou stranded assets)", avait-il alors déclaré. Dans son premier discours sur le changement climatique, François Villeroy de Galhau s’inscrit donc dans le sillage de Mark Carney, tout en restant prudent.
Même position au sein de la Commission européenne. Pierre Moscovici, commissaire aux affaires économiques, a conclu la table ronde en saluant le travail réalisé par le conseil de stabilité financière du G20, sans aucune annonce sur une quelconque initiative menée au sein de l’Union européenne. C’est donc bel et bien le G20 qui prend la main en matière de prise en compte du risque climatique par les marchés financiers.
Les principaux événements finance et climat
Parmi les innombrables événements consacrés à la finance et au climat tout au long de la COP21, Novethic en a retenu trois :
- Le focus sur la finance privée, dans le cadre de l’Agenda des solutions, organisé le 4 décembre dans la Zone bleue, au Bourget, sous l’égide des Nations Unies et en présence de Michel Sapin, le ministre des finances.
- Autre table ronde, "Comment mieux financer et mieux assurer pour répondre au changement climatique ?", ouverte à tous, au Grand Palais, le 5 décembre dans le cadre de Solutions COP21. Elle va réunir banquiers et assureurs.
- Et une journée dédiée à l’énergie avec plusieurs événements sur le thème du financement, le 7 décembre, au Bourget, dans les Espaces génération climat, ouverte à tous.
Selon la dernière étude du centre de recherche de Novethic, 960 investisseurs internationaux sont engagés dans la lutte contre le réchauffement climatique. Ils représentent 29 600 milliards d’euros d’actifs.