Publié le 24 novembre 2015
FINANCE DURABLE
Climat : le groupe Caisse des Dépôts, CNP assurances et Humanis s’engagent
La France compte dans ses rangs de grands leaders mondiaux de la finance verte. A l’occasion du colloque annuel de Novethic, le groupe Caisse des Dépôts, CNP assurances et Humanis ont pris ou réaffirmé de forts engagements en faveur d’une économie bas carbone. Au total, ce sont 57 milliards d’euros gérés par ces investisseurs institutionnels qui seront décarbonés. Explications.

Eric Piermont / AFP
"Le groupe Caisse des Dépôts va réduire de 20 % l’empreinte carbone de ses portefeuilles d'actions d’ici 2020 et mènera une politique d’engagement actionnarial renforcée sur les enjeux énergétiques et climatiques. Si la réduction volontaire des émissions des sociétés détenues en portefeuille s’avère insuffisante à moyen terme, le Groupe procèdera à des réallocations". Les propos tenus par Pierre-René Lemas, le directeur général de la Caisse des Dépôts, témoignent de l’engagement du groupe (dont Novethic est une filiale) en faveur du climat. Elle témoigne aussi de son souhait de doter l’institution d’une feuille de route axée sur un objectif de limitation du réchauffement de la planète en deçà de 2°C.
Cet objectif de -20 % à horizon 2020 est partagé par Frédéric Lavenir. Le Directeur Genéral de CNP Assurances (détenue à 40 % par la Caisse des Dépôts) a également présenté la politique de son groupe lors du colloque à l’attention des investisseurs institutionnels organisé par Novethic ce 24 novembre. Sa stratégie repose sur le même objectif de décarbonation que celui du groupe CDC, mais également sur un doublement de ses investissements verts. CNP assurances devrait ainsi investir 1,6 milliard d’euros d’ici à fin 2017 dans diverses classes d’actifs (infrastructures, private equity et green bonds). Pour Frédéric Lavenir, "ces nouveaux engagements profitent aux assurés et sécurisent la rentabilité de leurs investissements sur le long terme".
L’immobilier, un puissant levier d’action
Les stratégies de lutte contre le changement climatique intègre également les actifs immobiliers. La Caisse des dépôts et CNP Assurances vont respectivement réduire la consommation énergétique de leur portefeuille de -38 % d’ici d’ici 2030 et de -20 % d’ici 2020. 5 milliards d'euros d’actifs de bureaux et de logements, répartis sur plus de 150 sites, sont concernés.
Humanis a de son côté confirmé ses récentes annonces. Le groupe d’assurances et de retraites affiche un objectif de diminution de 2 % par an des émissions associées à son portefeuille d'actions (2 milliards d'euros). Il adhère aussi à la Portfolio Decarbonization Coalition (PDC), portée par l’initiative finance des Nations Unies pour l’Environnement (UNEP FI). Son directeur général, Jean-Pierre Menanteau, affirme que "la contribution (d’Humanis, NDLR) à la réduction des émissions de carbone dans l’atmosphère est une source d’innovation". Raison pour laquelle son groupe portera à 125 millions d’euros les encours de son fonds HGA Obligations Vertes. Un fonds investi dans des projets d’énergies renouvelables, d’efficacité énergétique et dont la spécificité est d’évaluer combien de milliers de tonnes de CO2 sont évitées pour chaque million d’euros investi.
Le charbon, une énergie du passé
A l’occasion du 8e colloque Novethic, le déclin du charbon, largement observé depuis 18 mois, s’est une nouvelle fois confirmé. Le désengagement progressif des investisseurs institutionnels de la plus polluante des énergies fossiles est en cours.
Déjà peu exposé, le groupe Caisse des Dépôts n’investira plus, dès 2016, ne détiendra plus à la fin de l’année "aucun titre en direct dans les actions cotées et titres de dette de sociétés dont plus de 25 % du chiffre d’affaires est lié au charbon thermique" et le groupe s’engage à "ne pas investir en direct dans les actions cotées et titres de dette de sociétés dont l’exposition de l’activité au charbon dépasse 20 % du chiffre d’affaires".
Quant à CNP Assurances, elle aura, dès l’an prochain, cédé pour près de 300 millions € d’obligations de sociétés qui extraient ou produisent de l’électricité à base de charbon. Elle ne détiendra donc plus ni actions ni obligations cotées de sociétés réalisant plus de 25 % de leur chiffre d’affaire dans une activité liée au charbon thermique.