Publié le 14 août 2014
FINANCE DURABLE
Changement climatique : l’implication des investisseurs s’accélère
À l’appel des Nations-Unies, un sommet sur le climat aura lieu le 23 septembre à New York. L’objectif : mobiliser la communauté économique et financière. Les investisseurs sont invités à signer une déclaration pour financer une économie plus verte. Le dioxyde de carbone devient progressivement un risque financier.

© GreenFaith
Les appels à la mobilisation des investisseurs sur le changement climatique se multiplient. Ils prennent plusieurs formes : réalisation d’empreinte carbone de portefeuilles financiers, financements verts ou engagement actionnarial auprès des compagnies les plus émettrices de gaz à effet de serre.
Les principales compagnies pétrolières ont déjà dû expliquer à leurs actionnaires au cours de leurs assemblées générales (AG) comment elles font face au risque carbone.
Les questions posées portaient sur la façon dont elles envisagent leur changement de modèle économique lié à une dévalorisation potentielle de leurs capacités de production des énergies fossiles. Les appels au désinvestissement et au boycott se font pressants, mais la plupart des investisseurs, à l’image du fonds de pension californien CalPERS, préfèrent rester actionnaires pour inciter ces entreprises à limiter leurs émissions et à produire plus d’énergies vertes.
Le fléchage vert des financements
La déclaration des investisseurs qui sera rendue publique lors du sommet des Nations Unies le 23 septembre à New York devrait faire date. Lancée par des organisations visant à les mobiliser, telles que l’Initiative Finance des Nations Unies (UNEP FI) et l’IIGCC, groupement d’investisseurs institutionnels sur le changement climatique, cette déclaration devrait conduire à un engagement de fléchage d’un pourcentage minimum de leurs moyens financiers vers la lutte contre le changement climatique.
La Confédération syndicale internationale (CSI) n’est pas en reste. Elle estime de son côté que les institutions de la retraite publique mondiale pourraient affecter 5 % de leurs réserves à la même cause pour mobiliser 300 milliards de dollars. Cet appel est relayé en France par le Réseau des administrateurs pour l’investissement responsable (RAIR).
L’investissement responsable, une empreinte carbone réduite de 19 %
Mesurer son empreinte carbone est une troisième voie, choisie par le fonds de pension de la fonction publique (ERAFP). Créé en 2004 et entièrement dédié à l’investissement responsable il est le seul investisseur institutionnel français à avoir réalisé l’empreinte carbone de ses portefeuilles actions.
Comme l’explique Philippe Desfossés, son directeur exécutif, "Compte tenu de notre taille, nous ne pouvons pas financer que de l’éolien et du solaire. Ces projets sont importants, mais ce qui est déterminant pour le climat, ce sont les 95 % des autres investissements qui concernent toute l’économie. La réalisation de notre empreinte carbone montre que notre stratégie d’investissement responsable conduit à une empreinte carbone inférieure de 19 % à l’indice financier de référence qui nous sert à mesurer nos performances financières. En sélectionnant spécifiquement les entreprises selon leur intensité carbone, nous pourrions faire encore mieux."
Fort de cette analyse, l’ERAFP appelle le gouvernement à inciter toutes les institutions financières publiques à réaliser leur empreinte carbone dans l’optique du sommet sur le climat qui se tiendra à Paris fin 2015.