Publié le 07 novembre 2020
FINANCE DURABLE
[À l’origine] En pleine seconde guerre mondiale, l’incroyable genèse de l’Agence Française de Développement
L’Agence Française de Développement (AFD) est aujourd’hui synonyme de coopération internationale, de développement humain et de protection de la planète. Un engagement d’autant plus fort que cette banque publique est née au lendemain de la défaite de 1940 pour permettre à la France libre de continuer à combattre. L’histoire est racontée dans un passionnant livre "De la France Libre à un monde en commun".

@DR
Les 11 et 12 novembre prochains, l’agence Française de développement (AFD) réunit virtuellement toutes les banques publiques mondiales. Il s’agit de la première édition du sommet Finance en commun, hébergé par le forum de la paix. Cette paix n’est pas sans faire écho aux conditions de naissance de l’AFD. Celle-ci a été créée dans la fureur et les cendres de la défaite française de 1940 lors de la deuxième guerre mondiale.
L’armistice de 1940 signé, le chef de la France libre, le général de Gaulle se réfugie à Londres d’où il appelle toutes les armées tricolores à "continuer le combat, là où ils seront et comme ils pourront", tel qu’il est dit dans l’appel du 18 juin. Mais pour combattre, les forces françaises ont besoin d’argent. Si la Banque d’Angleterre prête très largement à la France, celle-ci a besoin de liquidités.
C’est de ce besoin que va naître la Caisse centrale de la France libre (CCFL), mise en place par Pierre Denis, directeur financier de la France libre, René Cassin, professeur de Droit et conseiller du général de Gaulle et André Diethelm, commissaire aux finances. L’argent et les prérogatives de la Banque de France étant aux mains du gouvernement de Vichy, les trois hommes vont récupérer des devises dans les colonies et les territoires d’outre-mer. Elle obtient aussi le droit de battre monnaie. La CCFL sera un artisan de la revanche de la France libre mais aussi de l’indépendance dès la libération.
Rendre aux colonies
Dès 1944 et la capitulation de l’Allemagne, la CCFL est renommée Caisse Centrale de la France d’Outre-mer (CCFOM). Il s’agit dès lors de rendre aux colonies ce qu’elles nous ont donné, explique Rémy Rioux, actuel Président de l’AFD. La CCFOM a pour mission de "participer à la création de sociétés d’économie mixte afin de promouvoir le crédit, le logement social et l’énergie électrique". Des missions qui raisonnent toujours aujourd’hui.
La Caisse va ensuite changer de nombreuses fois de nom. En 1958, avec l’indépendance en cours de nombreux territoires, la CCFOM devient la Caisse centrale de coopération économique (CCCE). En 1975, la Caisse étend son action à des pays anglophones et en 1981, elle consent ses premières aides budgétaires à des pays en difficulté. À l’occasion du Sommet de la Terre à Rio en 1992, la CCCE s’empare du sujet du développement durable pour devenir la Caisse Française de Développement (CFD). Puis en 1998, elle devient l’Agence Française de Développement (AFD).
Ludovic Dupin, @LudovicDupin