Publié le 28 janvier 2014
ENVIRONNEMENT
Produits surgelés japonais empoisonnés, les contrôles ont failli
Un responsable a été trouvé dans l'affaire des surgelés japonais contaminés au pesticide : un ouvrier aurait intentionnellement introduit de l'insecticide dans la chaîne de production, intoxiquant près de 3 000 personnes. Une affaire qui plombe le bénéfice de la maison mère mais qui jette surtout un doute sur les contrôles sanitaires de la chaîne alimentaire japonaise.

Malgré les caméras de surveillance, il y avait un angle mort, a reconnu un responsable de l'entreprise japonaise de mets surgelés Aqlifoods, à l'origine de l'intoxication de près de 3 000 personnes au Japon. En cause : un pesticide, le malathion, non utilisé dans le processus de production mais dont une concentration 2,6 millions de fois supérieure à la limite légale a été détectée dans des pizzas, des croquettes et divers autre produits d'une même usine Aqlifoods de Gunma, au nord de Tokyo. Après un mois d'enquête, un ouvrier du site a été arrêté, soupçonné d'introduction délibérée de l'insecticide. La façon dont il s'y est pris reste non élucidée, mais les services de police soupçonnent l'homme, qui nie les faits, d'avoir profité des pauses pour se rendre dans le lieu où les produits sont congelés, le seul qui, dans la configuration de l'usine, échapperait aux caméras.
Outre que cette sale affaire va amputer de près de 20% le bénéfice net de la maison-mère Maruha Nichiro Holdings, elle jette une ombre sur les failles de contrôle au Japon, malgré les règles strictes imposées. Non seulement le processus de production n'était pas entièrement surveillé, mais les produits finis sont allés jusque dans les congélateurs des consommateurs sans que nul en amont ne se rende compte de rien, malgré la présence d'un poison. De surcroît, la réaction de l'entreprise a été beaucoup trop tardive: elle n'a rappelé les produits qu'un mois après avoir été alertée d'un goût douteux mi-novembre par un premier client. Les autorités n'ont elles-mêmes été averties que fin décembre, ce qui révèle une lacune dans les obligations relatives à la sûreté.
Lors d'une traditionnelle « conférence de presse d'excuses », les dirigeants du groupe ont reconnu leurs erreurs: les PDG de Maruha Nichiro et Aqlifoods ont annoncé leur démission, de même que le directeur du contrôle de qualité d'Aqlifoods, une marque qui va devoir reconstruire son image.