Publié le 15 décembre 2017
ENVIRONNEMENT
L'Europe donne une définition des perturbateurs endocriniens trop peu protectrice selon les associations
Les pays européens viennent d'adopter une nouvelle version des critères d'identification des perturbateurs endocriniens, ces substances cancérogènes capables de modifier le système hormonal. À l'origine, ils devaient permettre de réglementer leur mise sur le marché, voire de les interdire. Mais le niveau exigé de preuves est tellement élevé que "les perturbateurs endocriniens dangereux" seront laissés sur le marché, estiment certaines ONG.

La Commission européenne a revu sa copie. Mercredi 13 décembre elle a soumis au vote une nouvelle version des critères d’identification des perturbateurs endocriniens (PE), ces substances qui modifient le système hormonal et accroissent le risque de cancer. Les pays membres l’ont adopté à la majorité. Ces critères vont permettre de donner un cadre réglementaire à ces produits et surtout de pouvoir maîtriser leur utilisation sur le marché voire les interdire si nécessaire.
Un des points de crispation dénoué
Le 4 juillet, les États étaient déjà tombés d’accord sur une définition de ces substances. Mais trois mois plus tard le Parlement européen y a posé son veto. Il a estimé que la définition donnée par la Commission était trop laxiste et qu’elle avait outrepassé ses droits en proposant "d’exempter certaines substances volontairement conçues pour s’attaquer au système endocrinien d’un organisme". Dans leur viseur, les pesticides. La Commission avait établi une dérogation permettant aux pesticides, dont le rôle est justement d’être des perturbateurs endocriniens, d’être exclus de la liste des… perturbateurs endocriniens. Cette fois Bruxelles a compris le message.
"Le niveau de preuve demandé est toujours extrêmement élevé"
Par contre "le niveau de preuve demandé est toujours extrêmement élevé", alerte François Veillerette, porte-parole de Générations futures. "Cela conduira à rendre les dispositions législatives totalement inopérantes en laissant sur le marché la plupart des pesticides perturbateurs endocriniens dangereux !". Même ton du côté de la Health and Environment Alliance, "les États membres n'ont pas saisi l'opportunité offerte par la décision du Parlement européen d'améliorer de manière considérable les critères afin de réellement protéger la santé humaine", estime la directrice de l'ONG, Genon K. Jensen.
Bruxelles doit légiférer sur cette question depuis 2009. Après 6 années d’inaction, la Commission a même été condamnée par le tribunal de l’Union européenne pour son immobilisme.
Marina Fabre, @fabre_marina