Publié le 05 juillet 2016
ENVIRONNEMENT
Charbon : Près de 23 000 décès prématurés en Europe
Quel est l’impact du charbon sur la santé ? Quatre organisations – le WWF, l’Alliance pour la santé et environnement (HEAL), le Réseau action climat Europe (CAN Europe) et Sandbag – ont étudié le déplacement des poussières de charbon émanant de 257 centrales européennes et l’impact sur la santé de la pollution atmosphérique qu’elles entrainent. Les résultats sont compilés dans un rapport publié ce mardi 5 juillet intitulé "Le nuage noir de l’Europe".

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En 2013, les émissions des centrales européennes ont causé plus de 22 900 décès prématurés et des dizaines de milliers de problèmes de santé allant des maladies cardiaques aux bronchites. Au total, pour la même année, les coûts sanitaires se sont élevés à plus de 62,3 milliards d’euros.
Les pays de l’Union européenne dont les centrales à charbon ont le plus de répercussions néfastes à l’étranger sont la Pologne (4 690 décès prématurés au-delà de ses frontières), l’Allemagne (2 490), la Roumanie (1 660), la Bulgarie (1 390) et le Royaume-Uni (1 350). Si ce dernier s’est engagé à fermer toutes ses centrales à charbon ne disposant pas de système de captage et stockage du CO2 d’ici 2025, sa position n’est pas majoritaire au sein de l’UE.
La France parmi les pays les plus impactés
De l’autre côté, les pays les plus impactés par la pollution issue des centrales présentes sur leur sol ou des centrales de leurs voisins européens sont l’Allemagne (3 630 décès prématurés), l’Italie (1 610), la France (1 380), la Grèce (1 050) et la Hongrie (700). Dans l’Hexagone par exemple, 50 décès prématurés sont imputables au charbon national, tandis que 1110 sont causés par les émanations des centrales allemandes, anglaises, polonaises et espagnoles.
Le rapport identifie ainsi 30 centrales responsables de plus de la moitié des décès prématurés en Europe. Rebaptisées "les 30 toxiques", elles contribuent également pour près de la moitié des émissions de CO2 issues des centrales à charbon européennes. "Ce sont ces centrales qu’il faut fermer en priorité", demandent les quatre organisations signataires du rapport.
"Casser le mythe du charbon bon marché"
"Ce rapport dénonce les coûts sanitaires élevés qui vont de pair avec notre dépendance au charbon et réfute ainsi le mythe selon lequel le charbon est une source d’énergie bon marché. Aucun pays ne pourra résoudre seul le problème de la pollution atmosphérique liée à la production d’énergie. C’est pourquoi nous espérons que les pays de l’UE garderont ces informations en tête et agiront collectivement pour améliorer la qualité de l’air", déclare Anne Stauffer, directrice adjointe de l’Alliance Santé et Environnement.
Le 30 juin dernier, après dix jours de tractations, la Commission, le Parlement et le Conseil ont fini par se mettre d’accord sur une nouvelle directive européenne concernant la qualité de l’air. Elle prévoit des seuils d’émissions plus stricts, avec des objectifs à respecter aux horizons 2020 et 2030, et étend la liste des polluants aux particules fines PM 2,5 (d’un diamètre inférieur à 2,5 microns), émises notamment par les moteurs diesel et particulièrement dangereuses pour la santé. Le texte doit maintenant être soumis à un dernier vote du Parlement européen à l’automne, avant l’adoption de sa version finale par le Conseil européen.