Publié le 03 août 2023
ENVIRONNEMENT
Les luttes locales, le renouveau de la contestation écologique
La première édition du festival "Les Résistantes" affiche complet, signe que le sujet mobilise. Pendant quatre jours, du 3 au 6 août, le plateau du Larzac – lieu emblématique du combat pour l'écologie - va accueillir près de 5 000 personnes pour ces premières rencontres des luttes locales. De plus en plus nombreuses, ces dernières incarnent le nouveau visage de la contestation écologique.

@Les Résistantes
L’épicentre des luttes locales. Du 3 au 6 août, le plateau du Larzac accueille la première édition du festival "Les Résistantes". Co-organisée par Terres de luttes et la Confédération paysanne de l’Aveyron, cette rencontre se veut être un espace de convergence de toutes les luttes locales pour renforcer l’entraide et la coopération. Pour Victor Vauquois, l'un des organisateurs interviewé par Novethic, "cet événement est la suite logique de la montée en puissance des luttes locales".
Celles-ci sont de plus en plus nombreuses sur le territoire. Autoroute A69 entre Castres et Toulouse, ferme-usine aquatique à Plouisy (Côtes-d'Armor), mégabassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), ou encore contre le tunnel du Lyon-Turin... pour ne citer que les mobilisations les plus médiatisées de ces six derniers mois à retrouver dans l'infographie ci-dessous. Le média spécialisé Reporterre en compte au total plus de 570, tous secteurs confondus (bétonnage, énergie, transport, industrie,…) en France.
Un nouveau souffle dans le combat pour l’environnement
"Depuis une petite dizaine d’années, on assiste à une montée en puissance des contestations à plus petites échelles, plus localisées", explique auprès de Novethic Chloé Gerbier, co-fondatrice de Terres de luttes, association créée en 2021 qui aide aux partages d’expérience, d’outils et de compétences à destination des luttes locales. Une résurgence des modes de luttes pour l'environnement plus territorialisés, qui fait écho à ceux des années 1970 contre d’importants projets d’aménagement du territoire dans le Larzac, ou énergétiques avec la centrale nucléaire de Plogoff en Bretagne.
Cet ancrage de la mobilisation pour l’environnement dans les territoires peut s’expliquer en partie par son blocage au niveau national. "Il y a des combats à l’échelle nationale qui sont des combats de plaidoyer, mais tout est verrouillé tant du côté de l’Assemblée nationale que du gouvernement", observe Chloé Gerbier, déplorant le fait qu'"aucun grand changement en matière d’écologie sociale n'arrive à passer de cette manière-là". Mais il y a aussi l'aspect émotionnel. "S’il y a aujourd’hui de plus en plus de personnes qui s’engagent à l’échelle locale, c’est qu’il est aujourd’hui plus facile de défendre un territoire où l’on habite que de défendre une idée abstraite" confirme auprès de Novethic Enora Chopard, militante et membre de la coalition "La Déroute des routes".
Se donner une chance de gagner le combat
Car agir au niveau local, c’est rendre également tangible la lutte. Pour la co-fondatrice de Terres de luttes, Chloé Gerbier, "se battre contre la pollution de l’air, c’est se battre contre un spectre alors que se battre contre un projet d’autoroute ou une ferme-usine, c’est concret". Et "les luttes locales permettent de se réapproprier le combat et de remettre la voix du citoyen dans le débat", précise Enora Chopard de la Déroute des routes.
D’ailleurs, toutes les deux l’assurent : "les perspectives de gagner sont plus fortes". La raison ? Les personnes impactées sont plus visibilisées et "l'adversaire est également plus facile à nommer", assure Chloé Gerbier. "Il y a également une prise de conscience de la part des autorités ou des entreprises sur le fait qu’ils ne sont plus en terrain conquis et qu’ils ne peuvent plus imposer des projets au profit seulement de quelques-uns", ajoute Enora Chopard.
Et chaque mois, les victoires se font de plus en plus nombreuses. "Des victoires que les associations auront à cœur de partager au cours de cette parenthèse dans le Larzac", insiste Victor Vauquois, qui souhaite faire de ce festival "un événement d'échange et d’entraide" afin de "permettre aux luttes locales de repartir remotivées et avec de nouvelles alliances pour gagner".