Publié le 12 août 2018
ENVIRONNEMENT
[LE CHIFFRE] Plus de la moitié de la surface des océans exploitée par les grands chalutiers
Une étude basée sur des données satellitaires révèle que les navires opèrent sur 200 millions de kilomètres carrés. Cela représente 55 % de la surface de la planète. C’est quatre fois plus que la surface occupée par l’agriculture.

@Flickr / Jean-Jacques Abalain
Une équipe de chercheurs a mis au point une carte interactive qui permet d’établir l’empreinte mondiale de la pêche. Grâce aux systèmes d’identification automatique des navires, conçus pour éviter les collisions, ils peuvent déterminer à la seconde près les déplacements des navires. Leurs résultats, publiés en début d’année dans la revue Science, sont implacables : la pêche industrielle exploite 200 millions de kilomètres carrés, soit la moitié de la surface de la Terre.
À titre de comparaison, l’agriculture occupe 50 millions de km2 de terres, soit quatre fois moins. Mais "la superficie totale pêchée est probablement plus élevée". Jusqu'à 73 %, estiment les chercheurs, car certaines parties du monde ne sont pas visibles faute de bonne couverture satellite et que tous les navires de pêche ne sont pas équipés du système.
600 fois la distance Terre-Lune
Les navires de cinq pays - Espagne, Taïwan, Japon, Corée du Sud et Chine - représentent à eux seuls plus de 85 % des grands chalutiers industriels. Les importants sites de pêche "ont été observés dans le nord-est de l'Atlantique et le nord-ouest du Pacifique, ainsi que dans les régions riches en nutriments au large de l'Amérique du Sud et de l'Afrique de l'Ouest". Et rien qu’en 2016, l’équipe de chercheurs a enregistré 40 millions d’heures de pêche par des navires qui ont consommé 19 milliards de kWh d’énergie et parcouru plus de 460 millions de kilomètres, soit 600 fois la distance aller-retour de la Terre à la Lune.
"L’empreinte mondiale de la pêche est beaucoup plus importante que les autres sources de production de nourriture alors que les pêcheries ne fournissent que 1,2 % des calories consommées par les humains, soit 34 kcal par habitant et par jour", remarquent les auteurs. Dans le monde, un tiers des stocks de poissons sont surexploités, ce qui signifie que ces espèces sont prélevées plus rapidement qu’elles ne peuvent se reproduire. Et d'après une récente étude, seule 13 % de la surface des océans serait encore à l’état sauvage, exempte de traces liées à l’activité humaine.
Concepcion Alvarez, @conce1