Publié le 01 août 2018
ENVIRONNEMENT
Jour du dépassement : à partir d'aujourd'hui, l'Humanité a vidé la Terre de ses ressources
Ce mercredi 1er août marque le jour du dépassement de la Terre, le jour où l’humanité a consommé toutes les ressources que la planète est capable de produire en un an. Nous allons donc vivre à crédit jusqu'à la fin de l'année et "entamer" une seconde planète. Cette dette écologique s'alourdit d'année en année, même si elle progresse dans le calendrier à un rythme plus lent depuis une dizaine d'années.

@Pxhere
Le 29 décembre en 1970, le 7 novembre en 1978, le 15 octobre en 1988, le 30 septembre en 1998, le 15 août en 2008 et le 1er août en 2018. En presque cinquante ans, l’Earth overshoot day - le jour du dépassement de la Terre en français - n’a cessé de grignoter des semaines dans le calendrier.
Désormais, au bout de seulement sept mois, nous avons déjà consommé toutes les ressources que la planète est capable de produire en un an. À partir d’aujourd’hui, l’humanité vit à crédit jusqu’au 31 décembre et doit donc "entamer" une seconde planète, pour continuer à boire, à manger, à se chauffer, à se déplacer, à produire.
Calculé par le Global Footprint Network, ce jour du dépassement de la Terre alerte chaque année états, citoyens et entreprises. Ce jour marque le moment où nous avons déjà émis plus de carbone que ce que les océans et les forêts ne peuvent absorber en un an. Nous avons pêché plus de poissons, coupé plus d’arbres, fait plus de récoltes, consommé plus d’eau douce que ce que la Terre a pu produire sur cette même période.
États-Unis et Australie parmi les plus mauvais élèves
Encore excédentaires au début des années 60, avec un quart des réserves de la Terre non consommées, nous sommes devenus déficitaires à partir de 1971. À partir de là, un seuil critique a été franchi. Pour la première fois, la consommation de l’Homme a pris le pas sur la capacité de la nature à y répondre. Désormais, cette "surconsommation" dépasse de 70 % les capacités de la planète puisque le Global Footprint Network estime qu’il faut aujourd’hui 1,7 planète pour répondre aux besoins de la population mondiale.
Le bilan est encore plus lourd quand on regarde les données pays par pays. Ainsi, il faudrait cinq planètes pour couvrir les besoins des Américains, quatre planètes si tout le monde vivait comme les Australiens et trois planètes pour les Suisses, les Allemands, les Britanniques et les Français. À l'autre extrême, les Indiens consomment à peine plus qu’une demi-planète.
Le coût de cette surconsommation est déjà visible : pénuries en eau, désertification, érosion des sols, chute de la productivité agricole et des stocks de poissons, déforestation, disparition des espèces.
Mettre la biodiversité à l’agenda
"Si la Planète était une entreprise, elle serait aujourd'hui au bord de la faillite. Nous devons impérativement changer notre modèle de développement. Nous devons parvenir à faire de la biodiversité une priorité internationale et réussir en 2020 à trouver un New Deal pour la nature", a réagi Pascal Canfin, directeur général du WWF France.
2020 sera l’année de la COP Biodiversité qui se tiendra en Chine. À cette occasion, Marseille accueillera en juin le congrès de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Si nous faisions reculer le jour du Dépassement mondial de seulement 5 jours chaque année, nous retrouverions l’équilibre entre notre consommation et les ressources d’une seule planète d’ici 2050. Une réduction de 50 % des déchets alimentaires dans le monde pourrait faire reculer la date de 11 jours. Réduire les émissions mondiales de CO2 de 50 % déplacerait la date de trois mois.
Concepcion Alvarez @conce1