Publié le 13 juin 2018
ENVIRONNEMENT
Désormais au cœur de la transition énergétique mondiale, la République démocratique du Congo doit repenser son économie
La République Démocratique, qui fournit 50 % de la demande mondiale de cobalt, est un acteur clé pour d’autres métaux, essentiels à la transition énergétique et numérique. Mais la crise politique dans le pays, associée à la prolifération de mines illégales, entrave le développement économique du pays. Deux grands rendez-vous simultanés sur le secteur minier et la sécurisation des affaires doivent donner des pistes d’amélioration.

@AmnestyInternational
Assis sur les premières réserves mondiales de cobalt, et des quantités considérables d’or et de cuivre, la République démocratique du Congo (RDC) se retrouve au cœur de la transition énergétique et numérique mondiale. Le pays fournit 50 % de la demande de cobalt mondial. En deux ans, le prix de ce métal a quadruplé en raison de la concurrence que se livrent les acteurs de la mobilité électrique et ceux du numérique pour cette matière première. Pour ces deux secteurs, le cobalt est dans la fabrication de Batterie performante.
Sur place, le secteur minier reste à organiser. Les géants miniers internationaux exploitent les ressources et le pays aimerait alourdir leurs taxes. Dans le même temps, le gouvernement doit aussi prendre des mesures contre les mines artisanales, employant souvent des enfants, qui représentent 20 % de l’extraction. Les grands acheteurs mondiaux mettent en place des outils de surveillance de leur chaîne d’approvisionnement, notamment à travers la blockchain, et pourraient finir par se détourner du pays.
Mais le pays peine à s'atteler à ces enjeux, car il est plongé dans une crise politique avec le report des élections présidentielles de 2016. Des élections sont programmées le 23 décembre prochain, mais le président Kabila ne s'est toujours pas engagé publiquement à quitter le pouvoir comme il aurait dû le faire à la fin de son deuxième et dernier mandat le 20 décembre 2016.
Deux rendez-vous économiques
C’est pourquoi, dans ce contexte, les deux rendez-vous économiques de cette semaine au sujet de l'immense potentiel économique du plus grand pays d'Afrique sub-saharienne, sont clés. Ils doivent aider à lever les nombreux blocages juridiques, infrastructurels et humains, qui entravent le développement de cette nation de 78 millions d’habitants.
À Lubumbashi, dans la région minière de Katanga au sud du pays, les grandes sociétés comme Glencore et Rangold convergent vers la "DRC Mining week" du mercredi 13 au vendredi 15 juin. Ce rendez-vous se déroulera sur fond de bras de fer avec les autorités autour du nouveau code minier promulgué en mars par le président Joseph Kabila.
Sept sociétés étrangères qui exploitent les multiples richesses du Congo ont menacé de saisir la justice contre la remise en cause de la stabilité de leur contrat et l'augmentation des taxes sur leurs profits. Par ailleurs, le déficit énergétique de la RDC, où coule pourtant le deuxième fleuve le plus puissant du monde, sera également au cœur des débats.
Un marché potentiel énorme
Au même moment, dans la capitale Kinshasa, la "sécurisation des affaires" est le thème de la cinquième "semaine française" organisée par la chambre de commerce franco-congolaise du jeudi 14 au samedi 16 juin. Assurances, embauche et licenciement, sécurité juridique, loi sur la sous-traitance, financement : "Premier pays francophone au monde avec près de 74 millions d'habitants, la RDC présente de vrais potentiels", affirme la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI).
Cependant, "en raison de son environnement contraignant, l'implantation et le développement d'une entreprise étrangère demandent d'être bien conseillés", assure la CCI qui revendique "plus de 200 membres représentant des entreprises de différentes tailles dans tous les secteurs de l'économie".
Les organisateurs profiteront de la présence de plusieurs ministres pour faire passer des messages contre la corruption : "Les entreprises se heurtent trop souvent à des tracasseries administratives et procédurales qui peuvent s'apparenter à du harcèlement, notamment d'ordre fiscal", a déclaré l'ambassadeur de France Alain Rémy à la revue Mining and Business.
Ludovic Dupin avec AFP