Publié le 18 octobre 2017
ENVIRONNEMENT
[Ces startups qui changent le monde] Woodoo rend le bois aussi solide que le béton
Elles sont jeunes et elles veulent changer le monde. Chaque jour, de nouvelles startups voient le jour en espérant améliorer notre façon de produire ou de consommer, en traçant mieux les matières premières utilisées, en misant sur l’écoconception ou l’innovation sociale. Chaque semaine, Novethic a décidé d’aller à la rencontre de l’une d’entre elles. Aujourd’hui, nous vous présentons Woodoo qui rend le bois aussi dur que le béton.

@Woodoo
SOMMAIRE
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- [Ces startups qui changent le monde] Woodoo rend le bois aussi solide que le béton
À l’origine, Timothée Boitouzet était architecte. Il considérait qu’il est du devoir de sa corporation de penser les villes de demain alors que ces dernières contribuent massivement au réchauffement climatique au travers de leurs émissions de CO2. C’est pourquoi, alors qu’il n’avait pas 30 ans, il a mis sa carrière entre parenthèses pour trouver une innovation de rupture en matière de construction.
Son idée est que la solution pour rendre les cités du futur plus vertes est le bois. "C’est le seul matériau de construction qui pousse seul. Il stocke le CO2. Mais il faut le doper pour dépasser ses limites fondamentales", explique-t-il. Et ces fameuses limites ne sont pas qu’un détail. Au nombre de ses ennemis, on compte le feu, l’eau, les insectes, la résistance physique.
Pour surmonter ces obstacles, il a traversé l’Atlantique pour aller étudier le bois au MIT au côté de chimistes, de biologistes et de physiciens. Après deux ans, il en a sorti un procédé de renforcement du bois, qu’il a breveté. Dans la foulée, il fondait sa start-up Woodoo en septembre 2016 pour valoriser sa technologie. Elle consiste à prendre du bois massif, y compris des essences habituellement peu valorisées, et d’en extraire la lignie. Elle est remplacée par une résine végétale qui va remplir tout le vide, ce qui représente 70 à 90 % du bois.
Trois fois moins énergivore que le béton
En conséquence, le bois devient imputrescible, résistant au feu, translucide et surtout trois fois plus rigide que le bois d'origine. "Notre bois devient aussi résistant que certaines classes de béton et permettrait de construire des tours jusqu’à 35 ou 40 étages", assure l’entrepreneur, soit plus de deux fois plus haut que les tours en bois actuelles. Mais surtout ce bois modifié au niveau moléculaire est 3 fois moins énergivore que du béton, 17 fois moins que le verre et 130 fois moins que l’acier.
Toutefois, ne vous attendez pas à voir tout de suite le premier gratte-ciel en bois moléculairement modifié. Woodoo va déjà déployer sa technologie dans des secteurs qui demandent des productions en faibles volumes : luxe, intérieur automobile, design, sport. La start-up s’est même fait approcher par le secteur de l’aéronautique et de l’aérospatiale.
Première levée de fonds
Le secteur du BTP ne viendra qu’une fois que Woodoo disposera d’une chaîne de production. Or la construction d’une usine est déjà dans les projets de Timothée Boitouzet. Il sait même déjà où : en France à Troyes (l’Aube) où la société possède son laboratoire. "C’est important d’en faire un grand projet pour le pays. La France détient la deuxième forêt européenne mais ce secteur est en déficit de 6 millions d’euros chaque année et 75 % des scieries ont fermé en 20 ans. Il y a une dichotomie complète entre le potentiel hexagonal et la réalité économique".
Mais qui dit usine dit argent. Pour l’instant, l’entreprise, qui compte déjà 10 salariés, a vécu sur les fonds des fondateurs et sur les gains obtenus à travers 23 prix d’innovation (MIT, EDF, Ademe, Investissements d’avenir, Total…). Pour passer à la vitesse supérieure, Woodoo veut procéder à une levée de fonds début 2018. L’entreprise vise 5 millions d’euros. Une somme significative pour une première fois mais "nous avons besoin d’investisseurs ambitieux pour passer à l’étape industrielle", sourit déjà l’architecte.
Ludovic Dupin, @LudovicDupin