Publié le 31 juillet 2019

ENVIRONNEMENT

BHP va dépenser 400 millions de dollars pour diminuer ses émissions… et celles de ses clients

Les entreprises minières sont de plus en plus mises sous pression pour réduire leurs émissions de CO2. La plus grande d’entre elles, l’Australien BHP, est la plus engagée en la matière. Ainsi, elle va engager 400 millions de dollars pour diminuer les émissions de ses opérations. L’entreprise souhaite également atténuer celles, beaucoup plus importantes, de ses clients, en particulier les aciéristes.

Operation miniere de BHP Billiton au Chili BHP
Opérations minières de BHP au Chili.
@BHP

En pleine prise de conscience mondiale de l’urgence climatique, les entreprises minières sont regardées de près. Il faut dire que leur rôle est central. Elles sont à la fois de très importantes émettrices de CO2, mais aussi essentielles pour fournir les matières premières nécessaires aux technologies de la transition énergétique, à commencer par celles des batteries des automobiles électriques.

C’est dans ce contexte que l’australien BHP vient bousculer son secteur en annonçant un investissement de 400 millions de dollars sur cinq ans pour diminuer les émissions de ses activités et celles de ses clients. "Ceux qui bénéficient des avantages de nos produits devraient pouvoir le faire avec de moins en moins d'impacts", a déclaré Andrew Mackenzie, PDG de BHP dans une conférence organisée par le Financial Times.

Il ajoute : "Nous devons jouer un rôle de gestionnaire des émissions de nos produits sur tout le long de notre chaîne de valeur". Le groupe va donc porter désormais son action sur le scope 1 (émissions directes), le scope 2 (émissions liées à l’énergie) et le scope 3 (émissions du cycle de vie des produits). L’entreprise pense en particulier à l’industrie de l’acier qui utilise du charbon à coke et du minerai de fer, dont BHP est le plus grand producteur mondial.

35 fois plus d’émissions chez les clients

"Au cours des cinq prochaines années, notre programme déploiera les technologies à faibles émissions de carbone dans nos opérations. Cela stimulera les investissements dans des solutions basées sur la nature et encouragera de nouvelles actions collectives pour les émissions du scope 3", explique le dirigeant. Selon l’entreprise, sur les 12 derniers mois, les émissions du Scope 3 représentent 590 millions de tonnes de CO2, contre 16,5 millions de tonnes pour les scopes 1 et 2.

Cet engagement pris par le leader du secteur devait faire réfléchir les autres géants du secteur, également appelés à s’engager sur la voie de la transition énergétique. En mai dernier, lors de l’Assemblée générale de Rio Tinto, le PDG Simon Thompson a été interrogé sur la pertinence d’incorporer le scope 3 à sa stratégie. Il assurait alors : "Nous ne pouvons fournir des objectifs pour des actions en dehors de notre contrôle". Une position qu’il ne sera désormais plus possible de tenir.

Les trois grands du secteur ont déjà décidé de tourner le dos au charbon thermique (utilisé dans la production d’électricité). Ainsi, En 2018, Rio Tinto a vendu sa dernière mine de charbon. En février 2019, le directeur général de Glencore, Ivan Glasenberg, annonçait que la production de charbon serait maintenue "globalement aux niveaux actuels", excluant de nouveaux investissements. Quant à BHP, il s’est engagé à vendre, non sans difficultés, tous ses actifs.

Ludovic Dupin @LudovicDupin


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